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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Luca Dupont‑Spirio On ne revient jamais sans bonheur à cette adolescence de la sonate italienne, où tempos et caractères se bousculent faute de démarcations nettes, où le tactus glisse en un instant de la danse à la contemplation, où cinq minutes vous ouvrent un monde de nuances et de délices. Contemporain d'Uccellini, Legrenzi, par son oeuvre instrumental, est l'un des plus illustres représentants de cet âge intermédiaire, témoins ses Opus 2, 4, 8 et 10 pour un ou plusieurs violons, publiés entre 1655 et 1673 ‑ Corelli livrera son premier opus en 1681. C'est la première fois qu'un album puise simultanément dans ses quatre recueils de sonates, entrecoupés ici de balletti e correnti empruntés au posthume Opus 16 (1691). La réussite est totale, due aussi bien aux archets de Clematis qu'aux soins experts de Jérôme Lejeune, patron du label, preneur de son, et violiste de l'ensemble pour l'une des vingt‑quatre plages. À ses notes érudites répond, au dos du livret, une photographie éloquente de l'église de Molfetta, où ont été enregistrées la plupart des sonates da chiesa. La spatialisation, qui unit les couleurs somptueuses de l'orgue à celles des autres instruments placés sur une tribune en contrebas, montre à elle seule le perfectionnisme ici à l'oeuvre. Toutes les sonates solistes et les parties supérieures de celles à plusieurs reviennent à Stéphanie de Failly : archet droit et souple à la fois, dont le rapport à la pulsation tient de l'évidence, en solo comme dans le dialogue avec ses comparses ‑ Lathika Vithanage, Juliette Roumailhac, Amandine Solano et Benjamin Scherer. Prenez, au hasard, La Cremona (op. 8) : le flux et le reflux si naturel des motifs dans la sicilienne inaugurale, l'ornementation et le rubato suprêmes du mouvement central aux allures de faux‑bourdon, la polyphonie claire et saillante de la fughetta conclusive... Les timbres ne sont pas en reste : écoutez dans La Pezzoli (op. 4) l'articulation superbement ciselée de la viola da spalla, dont l'extraordinaire sonorité de basson répond à celles, si riches, de l'orgue de Molfetta, ou encore sur la plage suivante, dans La Foscari (op. 2), le basson lui‑même, explicitement requis par Legrenzi dans nombre de sonates, ici en dialogue avec le violon. Belle réussite.
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