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Diapason # 649 (09/2016)
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Mirare
MIR302



Code-barres / Barcode : 3760127223023

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean-Luc Macia

Le fracas des fusils, les tambours, les chants désunis des soldats ivres, la plainte des blessés : la Batallia de Biber dresse un des tableaux sonores les plus exaltants de l’âge baroque. On se souvient encore du choc que nous procura jadis l’enregistrement spectaculaire et novateur de Nikolaus Harnoncourt, relayé par une version tout aussi décapante de Goebel, puis par celle plus sophistiquée de Savall : le Ricercar Consort se montre encore plus haut en couleur, et atteste que la virulence des effets (ce violone‑tambour) n’est aucunement incompatible avec leur splendeur. Si cette Bataille dure trois minutes de plus que chez Harnoncourt, c’est que Pierlot et ses complices effectuent des reprises.
Biber domine un programme brillant centré sur les maîtres viennois. Sa fameuse Sérénade à 5, celle du « Veilleur de nuit », est bien au rendez-vous. Admirez la clarté des lignes (quelle prise de son !) et le dynamisme des tutti, qui ont un impact implacable avant la déclamation sarcastique du Veilleur (le baryton Matthias Vieweg). Tout comme l’ironique Balletti lamentabili, censé clore un carnaval avec ses faux regrets.
Dans les chants d’oiseaux et autres cris animaliers de la Sonata representativa, Sophie Gent, qui a succédé à François Fernandez comme premier violon du Ricercar Consort, semble stimulée par le fort caractère de son violon, un Jacob Stainer viril et capricieux qui fut longtemps celui de Marie Leonhardt. Les aigus piaillants mais jamais triviaux, des cocoricos hilarants et une visite des mousquetaires de la Batallia bibérienne font merveille sous l’archet volatil (c'est le cas de le dire) de la violoniste.
L’éditeur rend à Schmelzer cette Sonata longtemps attribuée à Biber. Goebel en livrait une lecture plus expressionniste avec laquelle Sophie Gent fait jeu égal. Tout le reste est au même niveau, comme la Sonata à viol et viola de Schmelzer où Pierlot se lance dans des envolées éperdues. Savourables effets de cloches dans la Sonata con altre arie, défendue avec volupté par deux violons, trois violes, et le clavecin de Maude Gratton qui enchaîne ensuite deux piécettes de Poglietti (une Toccatina célébrant la révolte hongroise) et de Kerll. Il y a longtemps qu'un disque n'avait traduit avec tant de verdeur et de raffinements les sortilèges d’un art qu’on ne saurait qualifier autrement que de baroque, au plein sens esthétique du mot.



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