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Analyste:
Luca Dupont‑Spirio
Fondée en 2002
comme choeur du culte à l'abbaye de Muri, la Cappella Murensis défend le baroque
autrichien dans un cadre rococo exceptionnel ‑ la croisée octogonale de l'église
abrite quatre tribunes, dont deux dotées d'orgues. Les deux nouveaux albums,
réalisés avec la complicité des Cornets Noirs, dévoilent les grandeurs comme les
faiblesses du répertoire, des ensembles et de l'acoustique.
Le premier
s'intéresse à la musique sacrée de l'empereur et compositeur Leopold ler
(1640‑1705). Élève supposé d’Antonio Bertali (1605‑1669), maître de la chapelle
impériale et importateur des manières italiennes dont Vienne devait raffoler, le
souverain n'est vraiment heureux que dans quelques passages contrapuntiques, où
la technique supplée à l'inspiration. Renvoyant, quasi un siècle en arrière, aux
maîtres romains de la Contre‑Réforme, le « Et in carne mea » qui conclut
la première Leçon pour l'office des défunts bouleverse, grâce au Mouvement
intérieur d'une polyphonie sobre et rigoureuse. Maigre consolation: l'ennui
plane sur un Stabat,Mater, un motet marial et un Requiem
essentiellement monodiques, au souffle court, dont le chant rythmiquement inerte
va d'une cadence banale à la suivante ‑ seules les conclusions fuguées donnent
quelque relief aux différentes parties,
Face à ces limites intrinsèques, on préfère juger les interprètes ‑ pratiquement
communs aux deux programmes ‑ dans la Missa in labore requies de Muffat
(1653‑1704), qui présente un tout autre intérêt. Si les circonstances de sa
composition sont incertaines, la nomenclature monumentale ‑ double choeur, trois
ensembles instrumentaux distincts avec notamment trompettes, timbales, cornets
et trombones ‑ suggère une répartition des effectifs entre les quatre tribunes
et le choeur de la cathédrale de Salzbourg, où le compositeur servait comme
vice‑Kapeilrneister ‑ Biber occupant le poste suprême. Idéalement
reproduit dans l'architecture de Muri, le dispositif donne tout son éclat à une
oeuvre géniale dans ses tutti solaires (Kyrie) comme dans ses confidences
chorales (Benedictus) ou concertantes (Et in spiriturn sanctum).
La réverbération du lieu magnifie l'onctuosité du choeur et le rayonnement des
instruments. Un bain sonore grisant.
Le geste de Johannes Strobl, fondateur de la Cappella, qui dirige les Cornets
pour l'occasion, est manifestement celui d'un chef de choeur: soin des
équilibres, des attaques et des densités, mais dramaturgie flottante où les
dynamiques se ressemblent, où la générosité remplace le timing. Ici comme dans
le programme léopoldien, les réussites sont inégales parmi les solistes. Si le
timbre charnu de la basse Lisandro Abadie fait merveille, les sopranos ‑ Miriam
Feuersinger et Stephanie Petitlaurent chez Muffat, Ulrike Hofbauer et Monika
Mauch chez Léopold ‑ n'offrent qu'une lumière sans contrastes, et Alex Potter
retient dans le masque des élans d’alto qui voudraient s'épanouir. En complément
à la messe, deux sonates d'église de Bertali et deux de Biber, brillamment
présentées par Amandine Beyer (premier violon des Cornets) ainsi qu'une de
Schmelzer mettant en valeur les vents, forment une mini‑anthologie bienvenue du
genre dans sa déclinaison autrichienne.