On ne pouvait espérer plus bel hommage pour fêter le tricentenaire de la naissance de Cari Philipp Emmanuel Bach: une vraie intégrale de ses « Sonates pour piano seul » sur un superbe Bösendorfer capté magnifiquement.

Chez Carl Philipp Emanuel Bach, le clavier seul occupe une position centrale, malgré l'importance de sa production en d'autres domaines. Pour la première fois, une intégrale nous parvient d'un seul coup : corpus couvrant l'ensemble de sa carrière et comprenant, outre une multitude de pièces diverses, douze sonatines et pas moins de cent quarante sonates.

Pour les sonates et sonatines, ce coffret suit la numérotation Wotquenne, de Wq. 48 (les six Sonates prussiennes) à Wq. 65 (la cinquantaine de sonates restées inédites du vivant du compositeur) en passant par Wq. 50‑52 (les dix‑huit sonates avec reprises variées), Wq. 55‑59 et 61 (les six recueils pour connaisseurs et amateurs), ou encore Wq. 63 (les compléments au théorique Essai). Ces pièces diverses se trouvent le plus souvent en fin de CD. L'ordre chronologique (celui du catalogue Helm) n'est donc pas strictement respecté: c'eût été quasiment impossible, et aurait brouillé les pistes.

On est frappé par la qualité de cette musique, avec bien sûr de très nombreux ouvrages d'exception. Carl Philipp Emanuel se souvient parfois de son père, il « annonce » parfois Haydn, mais l'imprévu, le sens de l'improvisation, sont toujours au rendez‑vous, sans oublier la maîtrise de l'instrument. L'artiste croate Ana‑Marija Markovina joue au piano moderne. Choix brillamment assumé: on admire sa virtuosité, sa profondeur d'expression, sa finesse surtout, indispensable dans ce répertoire. Elle fait vivre ces sonates, rondos, menuets, polonaises et autres fantaisies, ce qui n'est pas toujours le cas de son unique concurrent, Miklós Spányi, trop timide au clavicorde et au pianoforte (CD parus isolément chez Bis sur une quinzaine d'années).

Fermer la fenêtre/Close window