Texte paru dans: / Appeared in:
Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd
~ |
|
Appréciation d'ensemble: | |
Analyste: Philippe Ramin
D’abord un
détail, qui a son importance Myriam Rignol joue la copie d'une viole
conservée à la Cité de la musique, pourvue d'une corde supplémentaire dans
l'aigu. Cet instrument résout un certain nombre de difficultés d'exécution
posées par les Pièces en concert, dont la tessiture est
exceptionnellement large. On est dès lors particulièrement attentif aux
passages délicats, quand l'instrument saute d'un registre à un autre pour se
joindre à la basse du clavecin ou se fondre avec le dessus: c'est
impeccable. Les Timbres, ensemble récompensé au Concours de Bruges en 2009,
n'appelle de manière générale que des éloges. La fluidité de la proposition
musicale, l'attention portée au discours et aux équilibres, le raffinement
des." timbres nous valent un Rameau à la fois très élégant et très
caractérisé. La précision des cordes est très aboutie sur le plan de la
justesse, les registres voisins sont parfaitement fusionnés (quand l’aigu de
la viole flirte avec le violon), ce qui permet au clavecin, meneur de jeu
dans l’écriture de Rameau, de parler avec toute la liberté souhaitable. Les
musiciens ont saisi toute la dimension poétique d’une oeuvre singulière.
Dans La Vezinet, ils désamorcent la virtuosité au profit d'un tendre
amusement; ils creusent les modulations tour à tour enjouées et inquiètes de
La Laborde, assouplissent les nobles postures baroques de La
Boucon. Un travail d'orfèvre sensible et illuminé par l'intelligence.
Quand il faut divertir, le trio dévoile une palette inédite. Les
Tambourins comptent parmi les plus brillants et les plus colorés de la
discographie. On redécouvre les textures mordantes d'une Agaçante
véritablement engagée, les élans extravagants d'une La Pouplinière
pleine de sève par une lecture qui évite tous les effets attendus. La
liberté de ton de La Marais, son aisance rythmique dans une inégalité
vivante et souple, sont la cerise sur le gâteau. Petit cadeau non crédité
dans la notice, une transcription des Sauvages apporte un clin d’oeil
amusant en fin de programme. Les Timbres aux antipodes du théâtre
expérimental des Masques (Atma, cf no 583), nous livrent une
éblouissante leçon de musique de chambre. |
|
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |