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Analyste:
Roger‑Claude Travers Diables de slaves! Si Dmitry Sinkovsky ou Igor Ruhadze ont choisi de couler leur technique éblouissante dans les codes de l'archet baroque, Gabriel Tchalik, jeune violoniste français d'origine russe, se lance, lui, sur violon et archet modernes, dans les vingt‑quatre Capriccii de Locatelli. Soit autant de défis jetés à ses confrères par le plus grand virtuose du violon qui ait existé avant Paganini. C'est la somme technique la plus invraisemblable proposée à l'interprète du XVIIe siècle. Son enregistrement intégral n'a rien d'une nouveauté. Jadis Lautenbacher, Tenenbaum, Conti et Bonucci, hier Elizabeth Wallfisch, et récemment l'impressionnant Ruhadze, ont inséré les caprices pour violon seul à la fin de chaque allegro de L’arte del violino op. 3. Tchalik les isole, et les présente ainsi comme le modèle des vingt‑quatre numéros de Paganini. Ce n'est pas sa dynamique incisive, son goût du risque dans les ahurissantes extensions du Caprice no 21 que l'on penserait réservé à une victime du syndrome de Marfan (hyperlaxité ligamentaire), ni sa maîtrise impeccable du suraigu ou de la technique de jeu en accords (Caprice no 23) qui nous surprennent le plus chez Tchalik. C'est cette capacité à injecter dans les moments arides un, charme hypnotique, touchant par instants à la plus indicible poésie. On goûte tout au long du récitai un style sobre, une sonorité fine, jamais forcée. Une heure et quart s'écoule en un instant, le temps d'un rêve.
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