Précédé d'une solide réputation dans le genre de l'opera seria, Davide Perez brigue en 1749 le poste de maître de chapelle du Vatican. C'est finalement à son concurrent Niccolo Jommelli qu’échoit cette charge très convoitée. Mais, en bon Napolitain, Perez connaît l'art du rebondissement: le roi du Portugal Joseph 1er l’appelle à Lisbonne, ville où il réalisera l'essentiel de son activité. Las, suite au tremblement de terre de 1755, ses ambitions de compositeur lyrique, au même titre que l'Opera do Tejo construit seulement six mois auparavant, allaient disparaître sous le niveau implacable d'une mer sans rivage. Il demeurera néanmoins dans, la capitale portugaise jusqu'à sa mort en s'illustrant principalement dans le répertoire sacré, dont le Mattutino de' Morti constitue l'oeuvre la plus diffusée en son temps.

Cette série de répons, divisée en trois nocturnes, trouve ici interprètes à sa mesure: le stile concertato est remarquablement restitué dans ses climats contrastés, entre fugatos serrés, arias virtuoses pour les solistes et interventions tempétueuses des cuivres. Peut‑être le chef Giulio Prandi, à qui l'on doit de beaux enregistrements d'oeuvres sacrées de Jommelli et Galuppi chez le même label, force‑t‑il un peu le trait dans certains forte et changements brutaux de dynamiques, mais l'on sent une conviction inflexible que sous‑tend une volonté de ne pas sonner tiède. Les textures instrumentales très colorées, de même que la prestation des deux solistes Roberta Invernizzi et Salvo Vitale (le « De profundis » du Premier Nocturne va titiller les abysses de sa tessiture) suscitent l'enthousiasme. Un très beau disque!

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