« Encore Les Indes galantes ~ » s'agace‑t‑on un premier temps, regrettant que l'année Rameau ne nous offre pas des Acanthe et Céphise, des Paladins et autres Zaïs, bien moins enregistrés. Mais on se ravise bien vite en consultant une discographie déjà datée. Jean‑François Paillard (Erato, 1974) et Jean-­Claude Malgoire (CBS, idem) sont difficilement écoutables et William Christie (Harmonia Mundi, 1991) ferait mieux aujourd'hui comme en atteste la production l'opéra de Paris qu'il dirigea en 2003 (DVD Opus Arte). Suivons donc Hugo Reyne et ses musiciens jusqu’au Konzerthaus de Vienne d'où fut organisé le départ vers ces Indes galantes, guidé par une nouvelle carte: l'équipe de la Simphonie du Marais a en effet réalisé pour ce concert sa propre édition, accessible en ligne, qu’Hugo Reyne commente avec force détails dans son texte de présentation.

Le connaisseur remarquera, ici, un ordre différent de certains numéros, là, le retour ou la suppression d'autres. L’amateur se laissera mener dans ce voyage en quatre étapes au pays de l'amour. Tous deux apprécieront l'enthousiasme convaincu avec lequel dirige Hugo Reyne et le soin avec lequel il caractérise et diversifie les climats. Les épisodes orchestraux se montrent ainsi d’une parfaite justesse de coloris, du pastel tendre des musettes au rouge de l’éruption volcanique en passant par l’obstination bleutée de la tempête ou le scintillement de l'inoubliable Adoration du soleil. Mais si la croisière est en première classe, la rencontre avec les autochtones réserve des surprises diverses: sans doute les surprises de l'amour. On peut ainsi rêver d'un choeur plus homogène et de chanteuses plus assurées. Malgré cela, ces Indes méritent vraiment le détour.

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