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Hyperion |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie
Bigorie HOMMAGE A MARIE FEL
Pour raviver son souvenir, la Malibran a eu Cecilia Bartoli, la Bordoni, Vivica Genaux. C'est au tour de Carolyn Sampson de succomber au récital‑hommage.
Marie Fel peut compter sur Caroline Sampson pour que son souvenir ne soit pas oublié grâce à cet enregistrement qui s'ouvre sur ses débuts à la scène et au concert, pour s'achever par ses adieux au Concert Spirituel (en 1769) dont elle fut la cantatrice la plus fêtée. On commence avec un extrait du Philomèle de Louis Lacoste. S'il manque au choeur le ciselé des Arts Florissants, il faudrait faire preuve d'une grande mauvaise foi pour ne pas saluer leur diction châtiée, leur investissement palpable laissant à penser qu'ils comprennent chaque mot. Avec la chanteuse britannique, le baroque français y est servi sans hiatus ni anachronisme ‑ même si par endroits une Didon se fait pressentir: une projection de rêve alliée à un timbre d'une douceur melliflue nous change des voix acides auxquelles ce répertoire a trop longtemps été tributaire. Le reste du programme ne fera que confirmer cette impression, des vocalises crânement assumées de Regna terrrea au Te Deum laudamus du même de Lalande où la neutralité de la langue latine se trouve parée d'une sensibilité frémissante. « Tristes apprêts » va même plus loin dans l'exercice d'équilibriste tant la fébrilité recherchée de l'émission se double d'un vibrato toujours jugulé. Il faut une force de persuasion peu commune pour faire passer le terne Salve Regina de Rousseau, mais on regagne les sommets avec Rameau : air de La Folie de Platée jamais débraillé et La Lyre enchantée, là aussi, d'une adéquation parfaite à l'esprit pastoral. Côté orchestre, Ex Cathedra et l'excellent Jeffrey Skidmore ont compris tout ce que le génie ramiste leur offrait comme trésor. Un bien beau
disque. | |
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