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Diapason # 627 (09/2014)
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Agogique
 AGO017


Code-barres / Barcode : 3700675500177

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Isabelle Ragnard

« Messager ! va et porte ma chanson à la dame souveraine de mon coeur. » Tels sont, en substance, les derniers vers de bien des chants d'amour au Moyen Age.

Que serait un troubadour, auteur des mots et des mélodies, sans son interprète, le jongleur ? Des châteaux aux places de villages, jongleurs et jongleresses ‑ car le métier est aussi féminin ‑ diffusent les compositions des poètes occitans. Ils adaptent d'anciennes mélodies à des vers sans musique (contrafactum), improvisent des accompagnements, font danser une société féodale friande de nouveauté. Leur art éphémère a disparu avec eux puisque leurs performances n'ont pas été notées. Quoique... Les manuscrits, copiés des dizaines d'années après la période d'activité des troubadours, conservent‑ils « la » version de l'auteur, ou plutôt les variantes introduites par les jongleurs au fil du temps ?

Le collectif Alla Francesca a mené son enquête, pour mettre à jour les interprétations innovantes des jongleurs. Comme dans les romans courtois, Brigitte Lesne et Vivabiancaluna Biffi s'accompagnent de leur instrument à cordes puis cèdent la place à leurs deux compagnons, qui inventent des estampies trépidantes sur la base, d'airs connus (Reis glorios). Le mélange, de prime abord classique, de vièle, harpe, flûtes et percussions introduit aussi des instruments médiévaux souvent mentionnés dans les textes de l'époque mais négligés dans les restitutions modernes: la profonde harpe‑psaltérion (rote) et l'incisive flûte de pan médiévale habituellement associée aux bergers (frestel). Le programme joue sur la diversité des musiques colportées par les jongleurs d'Occitanie, des chants d'amour troubadouresques aux conduits sacrés des abbayes d’Aquitaine. En portant une attention particulière sur les positions féminines: chanson de malmariée, poème de la comtesse de Die et, encore plus rare, une discussion (tenson) entre deux femmes. Le dialogue heureux entre les voix féminines se poursuit dans les deux poèmes volontairement discordants (descorts), dont le curieux Eras quan vei verdeiar en cinq langues de Raimbaut de Vaqueiras. Si les chanteuses distillent l'émotion, la créativité de Pierre Hamon (flûtes et cornemuse) et du percussionniste Carlo Rizzo pétille à tout instant.
 

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