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Analyste: Philippe Ramin La genèse des trois sonates pour viole étant encore trouble (transcriptions ou oeuvres originales ?), Rainer Zipperling n'a pas hésité à leur adjoindre sa propre version de la vaste Sonate pour flûte en si mineur. Le changement de tessiture et de timbre participe d'une mue très convaincante. Le Largo e dolce perd ses atours galants pour évoquer, dans son doux balancement, les grands airs pour alto des cantates; la virtuosité attendue des derniers mouvements est totalement assumée. L’originalité du projet concerne aussi le choix des claviers. Clavecin avec ou sans viole ? Clavecin avec ou sans orgue, répond Sabine Bauer, qui s’installe dans la Sonate en ré majeur devant un chatoyant hybride (unclaviorganum, inédit dans la discographie de cette pièce). Les trois sonates pour viole sont de véritables trios, avec des voix supérieures interchangeables sur le plan des motifs et des ambitus. Certain interprètes prennent le parti de mettre en avant les spécificités des deux instruments en opposant articulation et phrasés; d'autres échangent leurs langages pour trouver un point de rencontre. Rainer Zipperling et Sabine Bauer s'attachent plutôt à faire sonner le contrepoint sans l'alourdir par trop de figures de style. Le relief repose dès lors sur la juste proportion du détail et de la grande ligne. La réalisation des ornements est des plus pertinentes. Les mouvements vifs défilent rondement mais sans précipitation : tous les événements sont nettement anticipés, et le dosage du détail participe d’une remarquable fluidité. Le lyrisme des mouvements lents bénéficie de cette attention à la ligne et aux modulations, le claviorganum apportant une réelle plus‑value à l'intelligibilité de l'écriture. Si cette version est tellement attachante, ce n'est pas parce qu'elle explique la musique, mais parce qu'elle l'incarne sans le moindre cliché. |
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