Dans son fameux Traité d'or­hestration, Hector Berlioz définit l’orgue comme « le pape des instruments; allusion évidente à l'église et au culte auxquels il est associé, mais aussi à cette équation difficile qui consiste à le combiner avec d'autres instruments, ces derniers se trouvant en quelque sorte excommuniés par tant de grandeur. Rien de tel avec les vents, qui font plutôt bon ménage avec Sa Sainteté : le cornet et le sacqueboute ici représentés apportent un surcroît d'expressivité compensant l'inertie propre à la mécanique de l'orgue. L’arrangement réalisé par William Dongois de ces oeuvres de Dietrich Buxtehude se veut « une vision plausible de ce qui fut une Pratique musicale vraisemblable ». Une transcription à l'usage privé des cornettistes, lesquels jouaient certainement de la musique en dehors de leurs obligations professionnelles à la cour ou à l'église.

Le caractère « da chiesa et concertant » frappe dès la première plage : un contrepoint libre à trois parties, avec des imitations florissantes entre sacqueboute et cornet qu'on imagine dialoguant d'une tribune à l'autre.

La virtusosité de William Dongois n’est plus à prouver dans ce répertoire beaucoup moins anecdotique qu’il n’y paraît: il n'est que d'entendre la fanfare située au centre de la Sonate en fa majeur (à 7') pour comprendre sa difficile restitution au violon.

En guise de compléments, l'organiste Pierre‑Alain Clerc interprète le Prélude en sol mineur BuxWV 163 (prélude, comme souvent chez Dietrich Buxtehude, intégrant un épisode fugué) ainsi que trois chorals sur « Nun lob, mein Seel, den Herren »: brio digital et registrations pittoresques rendent bien justice à cette musique gothique où éclate le stylus phantasticus.

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