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Diapason # 616 (09/2013)
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Harmonia Mundi
HMU 807572




Code-barres / Barcode: 0093046757267

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Gaëtan Naulleau


Leçon de Style

Les douze jeunes chanteurs de Stile Antico collectionnent les Diapason d’or depuis leur premier disque en 2007. Nous voici de nouveau à genoux, captivés par un impeccable panorama de la Renaissance anglaise.

N’allez pas croire que l’élite des choeurs britanniques spécialisés dans les polyphonies renaissantes tient son excellence des sopranos éternellement adolescentes, aux voix claires mais vaillantes, que la France leur envie et qu’on déniche outre-Manche par centaines. Non, le secret de fabrication, ce sont les basses. Il faut bien trouver des ténors sans ego de ténor et des dames qui ont d’autres raisons de chanter contralto qu’un aigu effroyable. Il faut savoir s’écouter, bien sûr — les douze de Stile Antico n’ont guère le choix puisqu’ils ont fait l’économie salutaire d’un chef. Mais partout — chez les Tallis Scholars, les Sixteen, The Cardinall’s Musick, dans les rangs de King’s College et du choeur de la Winchester Cathedral, pour s’en tenir à cinq formations qui ont laissé des gravures splendides de la Messe à cinq voix de William Byrd — partout l’édifice tient sa grandeur des basses. Les sopranos ne pourraient pas rester si sveltes sans leur socle et leur résonance. Les trois basses de Stile Antico confirment la règle, mais apportent aussi une couleur qui n’est qu’à elles. Là où leurs homologues des Tallis Scholars n’hésitent pas à vibrer pour nourrir un crescendo, elles s’en passent fort bien et nous impressionnent par la rondeur et la plénitude de leur timbre, très présent dans l’équilibre polyphonique mais jamais dominant. Elles sont pour beaucoup dans la qualité de fondu qui, dès le premier disque magistral de Stile Antico, était la signature de ces douze voix.

UN CONCERT IDÉALISÉ

L’Ave verum de Byrd ouvre l’album sur la dépouille du Christ vue par des yeux à la fois affligés et émerveillés devant la bonté du sacrifice. Avec d’autres, moins maîtres de leurs moyens, ce pourrait être niais. C’est sublime. Le O clap your hands de Gibbons nous vaut une excellente surprise, car le jeune ensemble nous semblait moins exceptionnel jusqu’à présent dans les pièces brillantes que dans les méditations planantes — le Salvator mundi de Tallis est un baume, une onction.

On admire une nouvelle fois l’intelligence du programme, ses transitions, sa variété de ton et de style (de la génération de Taverner jusqu’aux derniers feux de la Renaissance, avec Gibbons). Voilà un ensemble qui ne fait pas des disques pour qu’on les range sur des rayonnages, mais pour qu’on les écoute comme des concerts idéalisés. La Messe pour cinq voix de Byrd permet de multiples confrontations. Décidément, la splendeur de Stile Antico est unique. Intensifier le geste vocal sans solliciter l’accent, en soutenant puissamment la phrase légère: le Sanctus est un modèle, une apothéose.

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