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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste: Jacques Meegens Après deux Diapason d'or couronnant des albums consacrés aux musiques pour clavier de la fin du Moyen Age (cf nos 578 et 636), Tasto Solo change de cap : réorientation, ou simple parenthèse dans le triptyque du XVe siècle qu'ils nous promettaient ? Le livre d'orgue de Buxheirn et le Lochamer Liederbuch qu'ils affectionnent tant laissent place à des manuscrits de la Renaissance anglaise. Le petit collectif instrumental, animé par Guillermo Perez depuis son organetto, réunit des chansons, consorts, ainsi que des oeuvres de virginalistes du temps d'Henry VIII ‑ auteur lui‑même de deux des compositions de l'album. La créativité qui le distingue depuis ses débuts est toujours aussi brillante : le geste virtuose, l'ornementation, l'improvisation éloquente, marques de fabrique de Tasto Solo, enrichissent Where ye be, my love ?, insuffle à The short mesure une énergie grisante. Ces musiques gagnent une sonorité fascinante, totalement inédite dans la discographie actuelle. Les timbres et les effets produits surprennent par leur originalité : l'orgue portatif, tantôt flûte, tantôt cornemuse (Variations on a foster), répond aux cordes pincées, un dulce melos (sorte de clavecin du XVe siècle, à marteaux et sans étouffoirs) cristallin et expressif, et une harpe délicate, peu résonante, aux accents de luth. Si, plastiquement, le résultat force l'admiration, et nous émerveille plus d'une fois, la démarche historique nous laisse plus partagé. L'orgue portatif, déjà désuet au tournant du XVIe siècle, n'a sans doute aucune réalité musicale au coeur de la Renaissance. Les orgues « portatifs » que mentionnent les sources historiques ne désignent‑ils pas de petits instruments de table, plutôt que l'organetto médiéval de Guillermo Perez ? Quant au dulce mélos, décrit dans les années 1440 par un savant bourguignon, on se demande ce qu'il vient faire en Angleterre cent ans plus tard, à l'époque où le développement de la facture du virginal et du clavecin bat son plein. Le consort ainsi créé, chimérique, requiert de l'aveu même des interprètes l'aménagement de certaines musiques. L'hypothèse de la survivance au temps d'Henry VIII de ces claviers anciens, non confirmable (de nombreux éléments laissent penser le contraire), ne repose que sur les convictions de Guillermo Perez ‑ dont l'éloquence et la ferveur sont indéniables. |
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