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Diapason # 659 (07/2017)
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Mirare
MIR326



Code-barres / Barcode : 3760127223269

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin
 

Aborder une nou­velle pierre de l'édifice Scar­latti/Hantaï c'est accepter de nouvelles règles du jeu, une dis­tribution des cartes différente de la chronologie officielle établie par Ralph Kirkpatrick (et largement ins­pirée du manuscrit de Venise). Cette part subjective dans la construction du récital renouvelle les habitudes d'écoute, fait voisiner les caractères et les techniques d'écriture de différentes périodes créatrices. On y entend à nouveau le clavecin construit par Jonte Knif d'après des modèles allemands. Sa longueur de son, son timbre point trop brillant et la nette opposition des deux claviers sou­tiennent le cantabile dans le style de Cimarosa (Sonate K 277) ou les joutes de la K 28 en mi.

Le centre de gravité de l'instrument, qui privilégie de solides fondamen­tales, apporte une dimension orches­trale ; et dans le même temps, les plans sonores sont plus clairs qu'avec un clavecin français bruissant d'har­moniques, et plus sensuels qu'avec un italien à la projection rapide mais plus univoque. Ainsi les motifs restent transparents jusque dans le grave, la K 124 illustrant cette opposition entre le thème espagnol soutenu par des accords obstinés et ce voile fusant d'arpèges qui balaient tout le clavier.

L’essentiel du programme explore différentes facettes d'une mélanco­lie propre à Scarlatti, là où son gé­nie préfigure à la fois les premiers romantiques et Brahms. Polypho­nie en petits mouvements alternés (la K 87 en si mineur, « gris centre » pour Landowska), rythme pointé dont Hantaï évite avec soin de souligner le systématisme (K 238), cellule in­génieuse en broderie alternant avec les notes répétées d'une mandoline (KV 211 si chère à Scott Ross dans ses récitals), autant d'ingrédients qui ne sont pour Hantaï qu'un point d'en­vol pour l'imagination. Un îlot de sonates en mi bémol présente des figures de style chères au Napoli­tain : humour flegmatique (K 475), fières castagnettes (K 252), cors de chasse (K 253). Dominant de très haut toutes ces particularités d'écriture, Pierre Hantaï ne cesse pas de réin­venter un vocabulaire du clavecin qui doit sans doute beaucoup à sa pro­fonde connaissance des grands pia­nistes du passé et de la musique du XIXe siècle en général. L’humour, la tendresse, la fierté arrogante ou le mystère, le partage avec l'auditeur qui règne ici dépassent de loin les règles du jeu des clavecinistes bien tempérés.
 

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