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Analyste:
Denis Morrier
Déployant un extraordinaire arsenal d’armes de séduction, Raphaël Pichon nous
livre un objet unique et fascinant, prodigue en émotions riches... et parfois
paradoxales. Sertis dans un véritable livre, richement illustré et agrémenté
d’articles substantiels, le programme savamment ordonné évoqué la naissance de
l’opéra à la cour des Médicis. Quatre trames narratives se succèdent, sur le
modèle des intermèdes florentins de la Renaissance: L’Empired’Amour,
la Fable d’Apollon, Les Larmes d’Orphée et un Balet des Amants royaux. Ces
épisodes distincts, mêlant choeurs, sinfonie, madrigaux et monodies
accompagnées sont de véritables pasticci, empruntant vers et musiques à
différentes oeuvres.
L’essentiel provient des célèbres Intermèdes de la Pellegrina (conçus en
1589 pour les noces de Ferdinand de Médicis et Christine de Lorraine), assortis
d’autres spectacles de cour: les intermezzi de 1568 (I Fabii),
deux comédies de 1585 (Stravaganza d’Amore) et de 1600 (Il rapimento
di Cefalo). Pour expliciter le lien qui unit ces formes théâtrales hybrides
(entre actes déclamés et intermèdes chantés) aux premières tragédies entièrement
mises en musiques, plusieurs extraits d’opéras fondateurs sont insérés :
fragments de l’Euridice créée en 1600 pour les noces de Marie de Médicis
et Henri IV sur des musiques de Peri et de Caccini, et de la Dafné conçue
par Marco Da Gagliano en 1608 pour la cour de Mantoue.
Ce mélange d'intermèdes (par nature somptueux et décoratifs) et d'extraits de
mélodrames (à caractère tragique) pourrait sembler didactique et bricolé. Mais
les points de couture se font oublier dans le flot bien rythmé d’une création
esthétique et théâtrale originale. Disons même que Pichon restitue aux
intermezzi une cohérence dramatique que les exécutions modernes (de la
musique seule) négligeaient jusqu’ici. Et si la chatoyante chimère pose sur les
humbles favole in musica un habit somptueux, sans rapport avec les
effectifs réduits des créations, c'est en les rapprochant de l’Orfeo
montéverdien, certes unique en son temps. Que de splendeurs, à redécouvrir!
Notre jeune chef a réunit un plateau de rêve: sept voix solistes parmi les plus
prometteuses de la jeune génération (avec Lucile Richardot, Maïlys de Villoutrey,
Sophie Junker et Zachary Wilder, pour ne citer qu'eux), un choeur aussi solide
qu’attentif de vingt‑quatre chanteurs, en regard de vingt‑cinq instrumentistes
éblouissants. L’orchestration des intermèdes et la distribution des polyphonies
renouvellent sans cesse les tableaux sonores.
Les pages admirables se succèdent, entre architectures polychorales et
recitar cantando, merveilleusement chantées et fastueusement
accompa-gnées. L’épisode orphique est un sommet: la « scène de la Messagère »
(portée par la voixpoignante de Luciana Mancini) et le « tombeau d'Euridice
» de Peri nous sont enfin révélés dans toute leur puissance dramatique,
reléguant aux oubliettes les versions Ephrikian et De Caro. Et les « pleurs
d’Orphée » de Caccini, magnifiés par Renato Mancini, surpassent en intensité
pathétique les réalisations de Nicolas Achten ou de Rinaldo Alessandrini.
Alors surgit le seul regret : que Raphaël Pichon n’ait pas osé proposer une
tragédie d’Euridice intégrale, mêlant, commeàsa création,
les musiques de Peri et de Caccini. Faisant cela, c’est dans un univers théâtral
encore inexploré qu'il nous ferait pénétrer. Mais le monde sonore qu'il nous
révèle ici a déjà de quoi nous éblouir et nous bouleverser!
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