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Analyste: Jean‑Philippe
Grosperrin
Le nom du musicien narbonnais
reste attaché à la poésie des somptueux motets qu'il composa, dont neuf
seulement sont conservés. Série désormais complète, vingt ans après les
Journées Mondonville à Versailles qui occasionnèrent deux disques, l’un
confié à Christophe Coin (Astrée), avec Venite exultemus et la
révélation du Coeli enarrant, et l’autre à William Christie (Erato,
Diapason d'or) pour Dominus regnavit, l’étonnant In exitu
Israel, et ce De profundis que György Vashegyi reprend avec les
trois motets manquants (1734‑1743).
À la tête du choeur (cohésif, mobile) et de l’orchestre qu'il a fondés, le
chef hongrois montre une maîtrise souveraine des équilibres qui font vivre
cette musique, dont il faut souligner que les succès parisiens dans le cadre
du Concert Spirituel n’évinçaient nullement sa dignité liturgique.
Rayonnante, la musicalité du nouvel album est synonyme de fermeté et de
ferveur; sans sacrifier l'élégance à la tension du discours, ni la splendeur
plastique ou la couleur (ces bassons !) à la netteté du dessin. Le goût des
longues lignes, propice au lyrisme, n’amollit jamais les articulations ni le
rythme ni les figures métriques. Avec plus d’allant et moins de clair-obscur
que celui conduit par William Christie, le De profundis trouve aussi
plus de grandeur par la manière dont les phrases sont portées, respirées. La
majesté simple du geste évite l'émiettement rhétorique du détail. Dans
Magnus Dominus, l'épanouissement progressif du choeur d’entrée frappe
autant par sa dévotion que la fresque terrible des rois ligués contre
Jérusalem.
Car ces motets sont loin de se borner aux grands effets d'un théâtre sonore.
Issu de la liturgie de Noël, Cantate Domino allie vastes proportions,
souplesse des combinaisons et sobriété recueillie. Comme pour les
Mondonville précédents, les solistes répondent inégalement au zèle du
chœur : Alain Buet ne peut soutenir la ligne et le grand ton requis. Mathias
Vidal a de l'autorité mais guère d'onction (Nisi Dominus), Jeffrey
Thompson met plus d'imagination dans ses tournures, mais l’aigu l'éprouve.
Le moelleux de Chantal Santon‑Jeffery se paie d'un verbe et d'un sentiment
également flous quand Daniela Skorka se montre éloquente, nette et
concentrée; leur complémentarité produit deux duos pénétrants, La beauté du
tout ensemble gomme ces fléchissements passagers. Cette réussite confirme à
la fois l'excellence d'un chef déjà couronné dans Les Fêtes de Polymnie
de Rameau (Diapason découverte, cf nº 634) et l'éclat d'un
compositeur dont l'exploration des opéras attend d’être poursuivie.
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