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Diapason # 648 (07-08/2016)
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Glossa
GCD923508




Code-barres / Barcode : 8424562235083

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

Le nom du musicien narbonnais reste attaché à la poésie des somptueux motets qu'il composa, dont neuf seulement sont conservés. Série désormais complète, vingt ans après les Journées Mondonville à Versailles qui occasionnèrent deux disques, l’un confié à Christophe Coin (Astrée), avec Venite exultemus et la révélation du Coeli enarrant, et l’autre à William Christie (Erato, Diapason d'or) pour Dominus regnavit, l’étonnant In exitu Israel, et ce De profundis que György Vashegyi reprend avec les trois motets manquants (1734‑1743).

À la tête du choeur (cohésif, mobile) et de l’orchestre qu'il a fondés, le chef hongrois montre une maîtrise souveraine des équilibres qui font vivre cette musique, dont il faut souligner que les succès parisiens dans le cadre du Concert Spirituel n’évinçaient nullement sa dignité liturgique. Rayonnante, la musicalité du nouvel album est synonyme de fermeté et de ferveur; sans sacrifier l'élégance à la tension du discours, ni la splendeur plastique ou la couleur (ces bassons !) à la netteté du dessin. Le goût des longues lignes, propice au lyrisme, n’amollit jamais les articulations ni le rythme ni les figures métriques. Avec plus d’allant et moins de clair-obscur que celui conduit par William Christie, le De profundis trouve aussi plus de grandeur par la manière dont les phrases sont portées, respirées. La majesté simple du geste évite l'émiettement rhétorique du détail. Dans Magnus Dominus, l'épanouissement progressif du choeur d’entrée frappe autant par sa dévotion que la fresque terrible des rois ligués contre Jérusalem.

Car ces motets sont loin de se borner aux grands effets d'un théâtre sonore. Issu de la liturgie de Noël, Cantate Domino allie vastes proportions, souplesse des combinaisons et sobriété recueillie. Comme pour les Mondonville précédents, les solistes répondent inégalement au zèle du chœur : Alain Buet ne peut soutenir la ligne et le grand ton requis. Mathias Vidal a de l'autorité mais guère d'onction (Nisi Dominus), Jeffrey Thompson met plus d'imagination dans ses tournures, mais l’aigu l'éprouve. Le moelleux de Chantal Santon‑Jeffery se paie d'un verbe et d'un sentiment également flous quand Daniela Skorka se montre éloquente, nette et concentrée; leur complémentarité produit deux duos pénétrants, La beauté du tout ensemble gomme ces fléchissements passagers. Cette réussite confirme à la fois l'excellence d'un chef déjà couronné dans Les Fêtes de Polymnie de Rameau (Diapason découverte, cf nº 634) et l'éclat d'un compositeur dont l'exploration des opéras attend d’être poursuivie.

 

 

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