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Diapason # 648 (07-08/2016)
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CPO 5550462 



Code-barres / Barcode : 0761203504626
 

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Sophie Roughol

Rolle serait‑il un second couteau à l'âge de l'Emp­findsamkeit, bien pourvu en chantres de la revanche des sentiments sur la raison ? Après Hermann Max (deux oratorios parus chez Capriccio), Michael Alexander Willens attire l'attention sur la qualité d'une musique qui a seulement besoin d'interprètes curieux et à la hauteur de son écriture fantasque. Le père de Rolle, Christian Friedrich, fut un des rivaux de Bach pour l'emploi de cantor de Leipzig, avant de s'établir à Magdebourg. Johann Heinrich, devenant violoniste et altiste à la cour de Frédéric II, côtoie là Carl Philipp Emanuel Bach ou Graun, avant de succéder à son père à Magdebourg avec la charge de six églises.

Willens, que l'on sait amateur d'inédits, dévoile ici une Passion selon saint Matthieu de 1748 à la spiritualité inventive. En une heure et quarante minutes, Rolle mêle texte biblique et poèmes anonymes, privilégie les épisodes propices aux affolements dramatiques, aux désarrois déchirants, aux dialogues serrés (étonnant trio autour du Christ plage 14). Après un choeur d'ouverture confiant et serein, auquel succède l'allégorie fervente de la Sulamite, le récit de la Passion débute dans les ombres du mont des Oliviers (donc bien après la Cène, si développée chez Bach). La Crucifixion et les gardes venus surveiller le sépulcre n'auront aucun écho sur le choeur final, action de grâces lumineuse, d'une élégance préclassique. Et de la même façon, le dernier souffle du Christ est immédiatement suivi par un grand duo tendre, divinement instrumenté, de l’Amour et la Dévotion (les deux dames sont ici adorables).

Rolle, qui n'est que ferveur entre récit, ariosos, arias, chorals ou choeurs d'un contrepoint toujours habile, s'affadirait avec des interprètes trop pressés. Willens épouse avec subtilité la partition, et touche souvent droit au coeur grâce à une équipe investie (les dérapages mineurs de justesse importent peu). L'orchestration, avec sa riche palette de vents (belle partie de basson solo dans le grand air pour ténor) est finement défendue par l'Académie de Cologne. L'accomplissement collectif est tel qu'à aucun moment on ne regrette un plateau plus luxueux.

 
 

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