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Diapason # 648 (07-08/2016)
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K617
CDB001




Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Sophie Roughol

Le courageux ensemble d'Etienne Meyer et Judith Pacquier a déjà deux beaux volumes à son actif dans leur « traversée baroque » de la Pologne, consacrés à Mielczewski et Zielenski. Le troisième révèle Kaspar Förster ‑ auquel Roland Wilson s'était intéressé en 2002 (CPO) ‑ et prouve que tout n'a pas encore été dit sur la « réunion des goûts » du XVIIe siècle. L’intensité oratoire de l'ample
« Confi­tebor Domini » initial vous en convaincra. Förster bénéficie il est vrai d'une conjonction des astres favorable : Kaspar Förster père, maître de chapelle audacieux de la Marienkirche de Gdansk, reçoit le soutien de Heinrich Schütz et de Marco Scacchi, maître de chapelle des Vasa... et professeur du jeune Förster, dans la controverse qui l'oppose à son rival Paul Siefert, organiste à Gdansk et élève de Sweelinck : « seconda prattica » versus règles palestriniennes, longue que­relle esthétique inévitable en ces temps de transition.

Immergé dans le conflit mais humant souvent l'air du temps en Italie, notamment près de Carissimi,  Förster junior est un esprit indépendant, de ceux, nombreux en Allemagne du nord, qui pratiquent tour à tour les styles soi‑disant contraires: ecclésiastique palestrinien, secunda prattica, stilus scenicus pour la musique pro­fane et instrumentale, stylus phantas­ticus instrumental venu de Frescobaldi. Le compagnonnage exemplaire des timbres (cornets de Judith Pacquier et William Dongois, dulciane de Mé­lanie Flahaut) soutient tantôt un récit dramatique à l'italienne (Jesu dulcis memoria) de Renaud Delaigue, qui rappelle que Förster fut une basse virtuose à l'ambitus impressionnant (O bone Jesu), tantôt des sonates volubiles ou des psaumes dotés d'une lumière spirituelle exquise par Anne Magouët et Paulin Büdgen. Le Beatus vir final à 3 confirme cet équilibre fragile entre deux mondes, ses contrastes et couleurs que le discret mais ferme Etienne Meyer transcrit avec une attention constante aux équilibres et à la prosodie.

 

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