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Diapason # 637 (07-08/2015)
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Code-barres / Barcode : 7619931100821

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Paul de Louit

On s'est habitué à ce « Bach Project » que décline une fois l'an Kei Koto :  une structure en colombage, donnant, sur un orgue à chaque fois différent, une ossature de diptyques, incluant des préludes (ou fantaisies et fugues réputés mineurs, comblés par un torchis de pièces diverses, préludes de chorals (tous cahiers mêlés) ou transcriptions. On retrouve à Erfurt ce qui lui valait naguère un Diapason d'or à la Hofkircche de Dresde (Vol. II cf. no 591), qui séduisit un peu moins ensuite, et qui continuera de n'être pas la tasse de thé de tout le monde : le portrait d’un Bach empesé comme ses dentelles, galonné d'or comme son habit, suprêmement brillant mais, pour tout dire, pas très amène.


C'est l'anti‑Isoir. Pas de Sol majeur moins concertant, moins souple, moins bondissant, en un mot moins italien que celui qui nous est asséné d'entrée. Pas de « fugue violon » (BVW539, miroir de la Sonate BVW 1001) où se sente moins le coup d'archet. A l'instar d'un Jesus Christus unser Heiland « sub communione » mais rien moins que dévot, Kei Koito en fait un geste spectaculaire, de ceux qui conviennent à cette interprète : le modeste BVW 1092 emprunte la grandeur abrupte d'un psaume de Schein ou de Schütz, et s'enchaîne magnifiquement aux tétracordes descendants de la Fantaisie en la BVW 904.

 

Car les enchaînements sont très réussis. Les registrations aussi. Les détails pittoresques et les intensités flûtées de la Cruciskirche inspirent des mélanges souvent chargés mais toujours inventifs et parfois courageux: ainsi du jeu de quinte solo transposé dans Jesus, meine Zuversicht. Le début du tendre ln dulci jubilo BWV 751, ainsi haché, vous glacerait si des touches de Vox Humana et un Glockenspiel tombé des cieux ne vous arrachaient un sourire. Dans un contexte qui craint si peu la mièvrerie, on ne crache pas sur un Jesus bieibet meine Freude qui n'a plus en lui quelque chose de Lipatti.

 

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