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Diapason # 626 (07/2014)
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Ricercar
 RIC346




Code-barres / Barcode : 5400439003460 (ID427)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Jean‑François Lattarico

Reflet des représentations d’Aix‑en‑Provence qui enchantèrent le Théâtre du jeu de Paume l'été dernier, cette Elena inédite de Cavalli était attendue avec impatience… Nous avions apprécié, à la création, l'homogénéité de la lecture qui avait révélé au public une partition foi­sonnante, l'une des plus riches et sédui­santes du maître vénitien. Représenté en 1659, juste avant le départ de Cavalli pour Paris, Elena est le dernier chef‑d’oeuvre de la « prima pratica » du compositeur, avant qu'il ne succombe aux sirènes « bel cantistes » qui caractérisent ses dernières pro­ductions, et que l'on pressent dans cette oeuvre riche en coloratures. Fort d'un livret magistral (de Faustini, complété par Minato), Cavalli égrène toute la gamme des affetti, avec un sens du théâtre que peu de partitions du Seicento ont su exploiter. Si le comique y est plus présent encore que dans les grands chefs‑d’oeuvre désor­mais consacrés (Poppea ou Calisto), le mé­lange des genres reste la marque de ce répertoire, qui nous vaut ici les pathétiques et déchirants lamentos d'Ippolita, les sen­suels duos d'Elena et Menelao, ou les facéties désenchantées d'Iro, interrogeant avec dérision notre fragile humanité.

Pour redonner vie à cette partition oubliée, Alarcon a réuni une distribution sans faille: Emöke Barath rayonne de beauté et de grâce, Valer Barna‑Sabadus a le physique et la voix de l'emploi, tout comme l'irré­sistible Emiliano Gonzalez‑Toro, comédien hors pair; même les rôles secondaires sont somptueusement distribués (Mariana Flores, impériale), et si le chant de Rodrigo Fer­reira semble parfois un peu (trop) tendu, tous rendent justice, par une diction et un engagement dramatique irréprochables, à ce théâtre des sens.

La lecture sobrement linéaire de Jean‑Yves Ruf a le grand mérite de rendre immédiatement lisible une intrigue comme à l'accoutumée complexe. Le dispositif unique en bois, aux couleurs chaudes, évoque tout à la fois le théâtre du globe shakespea­rien, avec lequel l'opéra vénitien présente de troublantes accointances, et l'arène du combat que se livrent les deux protago­nistes puis la quasi‑totalité des person­nages. L’élégance des costumes et l'intelligence de la captation ‑ dont les plans rapprochés sur les interprètes soulignent l'effet pathétique d'une déclamation tou­jours juste ‑ participent aussi à la réussite exemplaire de cet enregistrement.
 

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