Seul grand recueil pour orgue conçu et édité du vivant de Bach, la troisième partie de Clavier‑Übung constitue une somme pédagogique et liturgique sans précédent. Cette double finalité implique une double exigence : l'interprète doit non seulement disposer d'une technique irréprochable mais aussi retracer l'itinéraire dogmatique et spirituel dessiné par Bach. Léon Berben a démontré qu'il possédait cette technique et maîtrisait les subtilités du baroque allemand dans son bel enregistrement de l'Art de la Fugue (Ramée) et plus encore dans un splendide disque consacré à Vincent Lübeck pour Aeolus. Cette version de Clavier‑ Übung III a le mérite de la précision et le souci du texte. Plus encore, Léon Berben trouve un équilibre délicat entre là jubilation et la quiétude dans les duos et quelques chorals du Grand Catéchisme qui affirment l'aplomb de la foi. L’interprétation avance sereinement, exprimant la solidité d'une âme réconciliée avec elle‑même et son Dieu. L’orgue Treutmann de Grauhof (1737) a la cohérence nécessaire à cette approche joyeuse et unie. Pourtant la lumière n'éclaire pas suffisamment le prélude inaugural, plus grave ici que rayonnant. Faute de dynamiques suffisamment dansantes, la fugue finale n'a pas, en particulier dans sa troisième partie, l'amplitude d'un hymne joyeux à l'Esprit. Le prêche s'essouffle également quand il s'agit de dire la déréliction de l'homme ou la distance angoissée du pécheur. Un tempo un peu rapide peine à décrire l'étirement du temps.

Malgré de belles réussites, cette interprétation est à mettre au second plan derrière celle de Bernard Foccroulle (Ricercar) d'une admirable clarté, celle encore d'André Isoir (Calliope) à la surprenante poésie.
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