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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin
0ui, il y eut bien un Gluck métastasien d'avant les
expériences engagées à Vienne avec Orfeo ed Euridice. Le disque avait
déjà révélé lEzio de Prague voici La clemenza di Tito, créée à Naples
en 1752 avec en protagonistes Caterina Visconti (Vitellia) et le castrat
Caffarelli (Sesto). Cecilia Bartoli en avait offert quelques airs majeurs
dans son album Gluck (Decca), parmi lesquels le « Se mai senti » qui
nourrira la déploration d'Iphigénie en Tauride. Mais l'aubaine de ce
coffret est d'offrir enfin une réalisation soignée d'un opera seria
sur le superbe livret de Métastase, mêlant passions politiques et tragédie
de l'amitié trahie ‑ la version princeps de Caldara (1734) n'a pas eu cette
chance discographique (Bongiovanni, à oublier). La clemenza di Tito
de Mozart, en procédant à d'importantes suppressions et redispositions des
trois actes d’origine, a occulté une partie de leurs qualités
dramaturgiques, justement exploitées par Gluck. Ici Annio, et Servilia ont
un tout autre poids (acte Il en particulier), l'empereur bienveillant assume
aussi son visage véhément (« Tu, infedel »), tandis que
Vitellia, calquée sur l'Hermione de Racine, et Sesto déploient amplement
(cinq airs pour chacun) les mouvements contradictoires dont ils son pétris.
Emportée ou méditative, d'une économie impressionnante dans l'usage des
codes hérités du baroque, l'invention de Gluck s'attache à l'éloquence et à
la pulsation vitale des personnages, et prouve ce faisant la viabilité du
drame de Métastase. |
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