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Diapason # 626 (07/2014)
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Musique à la Chabotterie  605013



Code-barres / Barcode : 3770003333029

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

La discographie des Indes ga­lantes est étran­gement maigre. En CD ont paru la version Paillard (choeur braillard, direction à la glu) et celle de Christie (distribution très inégale), mais jamais l'enregistrement pionnier et fragile de Malgoire (CBS), où s'entendent quelques grands interprètes (Yakar, Rodde, Brewer).. Faute de la brillante lecture de l'équipe menée par Christophe Rousset à Toulouse en 2012, voici une nouvelle intégrale, d'après l'édition récemment établie par Nicolas Sceaux et Hugo Reyne (disponible en ligne).

Sans entrer dans l'histoire évolutive de la partition (Rameau se corrigeait souvent), notons qu'on entend ici un ordre des numéros parfois modifié, des parties d'alto inédites dans Les Incas, et une seconde intervention de Bellone greffée sur un air de danse « pour les guerriers ».

Mais ce qu'on entend surtout en épanouissement, c'est l'amour de cette musique chez un maître d’oeuvre jamais oisif Soin de l'articulation, fermeté du discours, sens éminent des danses et de leur variété, délicatesse des climats (ritournelles inaugurales des entrées) et des caractères (airs pour les Persans) ‑ autant de satisfactions pour qui est déçu par les belles indifférences de l'intégrale Christie. L’attention à la pulsation se paye cependant d'un déficit en courbes ou en poésie. L’enchaînement ondoyant des numéros au début des Sauvages ou le nocturne « Dans le sein de Thétis » souffrent ainsi de ce goût du « bien marqué», mais la danse du Calumet est d'un swing parfait, sans mollesse ni hâte, et on jouit comme rarement du drame des Incas, quelles que soient d'ailleurs les scories d'une captation en concert au Konzerthaus de Vienne. Les parties vocales, hélas, pèchent une fois encore par leurs disparités. Au sommet, Aimery Lefèvre confirme ses affinités avec cette esthétique: superbe du chant, économie de la caractérisation, éloquence supérieure, d'où notamment un Huascar du meilleur genre. La valeur n'attend pas non plus les années chez Reinoud Van Mechelen, aisé mais personnel, digne héritier de Guy De Mey (la consistance du timbre en plus). L'autre, « haute‑contre », François‑Nicolas Geslot est très hasardeux et n'aide pas au quatuor des Fleurs. Stéphanie Révidat a pour elle l'assise et une couleur intéressante mais ses mots sont ternes (Emilie!) et la mollesse lui tient trop lieu d'esprit. C'est surtout Valérie Gabail qui déçoit, brouillonne, sans brillant rococo, et passant complètement à côté de Zima.

Déception enfin avec un choeur volontaire mais maigre (treize chanteurs, le double chez Christie), plus d'une fois hétérogène et mis à rude épreuve par Rameau. Tout cela ne fait pas une version de référence, mais une version à écouter assurément.

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