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Diapason # 615 (07/2013)
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Sony
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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Ivan A. Alexandre

 

Après l’échec des armées napoléoniennes aux portes de Moscou, l’Autriche reprend espoir. Et si l’Empereur stratège sauve une partie de ses troupes lors de la bataille sanglante qui prend fin le 29 novembre 1812 sur les rives de la Berezina, la nouvelle tombe à Vienne comme une promesse. Le grand concert qui devait opposer à la force militaire de Napoléon le pouvoir de la musique se transforme en chant de victoire. Ainsi, ce même 29 novembre, naquit la Société des Amis de la Musique, institution majeure de la capitale autrichienne.

Deux siècles plus tard, la Société fait appel à Nikolaus Harnoncourt pour fêter un anniversaire lourd de sens et de sang, il faut le dire. Pour l’occasion, le chef dirige l’oeuvre initiale : Alexander’s Feast, ode à la musique composée par Handel en 1736, dans sa version allemande connue à Vienne depuis le milieu du XVIIle siècle sous le titre de Timotheus, dans l’orchestration réalisée par Mozart en 1790, et avec un effectif plus ou moins comparable à celui que dirigeait Ignaz Franz von Mosel en 1812. Adieu Handel, adieu Mozart. Ce 29 novembre 2012, au Musikverein, c’est bien la fête « nationale » du 29 novembre 1812 qu’il s’agit de revivre, avec plus de cent choristes et un orchestre pléthorique chargé de cuivres en tous genres. Sonorité grasse, allure pompeuse, discours de maître Harnoncourt avant la seconde partie : tout crie la cocarde sur un ton qui rappelle le Chant des Chemins de fer de Berlioz. La grosse caisse canonnière ajoutée par Mosel au choeur de vengeance (« Break his hands », ici « Brich die Bande ») que le chef fait chanter au public vous a même un franc côté 1812 - l’a le vrai.

Incorruptible, Nikolaus Harnoncourt ne renonce pas au tableau sonore, à l’expression, au détail, aux nuances (glorieuses dans le fortissimo comme dans le pianissimo). La rage, l’orgueil, la foi imprègnent son Timotheus. Il n’empêche que les aléas du concert - un ténor à bout de souffle, une soprano écrasée sous son propre effort et en panne de diapason, un orchestre perdu dans l’air du Prince (« Der Held ») ou dans l’accompagnato de « Gib Rach’!» (« Revenge ! ») - et la spécificité de l’événement posent problème. Un souvenir pour les Amis de la Musique? Bien sûr. Un album commercialisé par une major ? Bizarre. Pour assister aux noces d’Alexander’s Feast et de Nikolaus le Grand, retour au disque officiel (Teldec 1977) ou mieux à la bande radio du 7 décembre 2001, délectable. 

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