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Sophie Roughol Ah ! la longue Chaconne de Vitali... panoplie redoutable pour faire chavirer le public sous son lyrisme alangui ! Stéphanie de Failly et Clematis sont venus relire à la lumière des usages baroques cette grande soeur de l’Adagio d’Albinoni dont les romantiques ont fait leur miel avec l’édition de Ferdinand David, vers 1860. On a pu la soupçonner d’être elle aussi un pastiche. Quelle curieuse chose, au début du XVIIIe siècle, ce passage avec six dièses à la clef... Jérôme Lejeune a mené l’enquête et imaginé un disque confié à Stéphanie de Failly, violoniste déjà remarquée au côté de Leonardo Garcia Alarcón. Alors, Vitali ou pas? Oui, répond Lejeune, en remontant à un manuscrit copié à Dresde dans le premier quart du XVIIIe siècle. La chaconne, en suivant un long couloir de modulations étranges, ne fait pas autre chose que Marin Marais à la même époque dans le Labyrinthe. On suit moins Lejeune quand il glose en psychologue sur « le poids de l’image paternelle », pour expliquer que Tomaso Antonio, si doué, ne publie rien après 1692. Le père, c’est Giovanni Battista, élève virtuose de Cazzati à Bologne, dont on découvre un Capriccio où le violon se prend pour une trompette, et des broderies sur la basse du Ruggiero ou de la bergamasque. Rien de spectaculaire, mais çà et là des bizarreries qui semblent montrer la voie à la Chaconne de son fils (également représenté par une Chaconne plus dansante, glissant capricieusement du majeur au mineur, …). On est d’abord troublé en retrouvant « la » Chaconne où Heifetz, Oïstrakh, Milstein, Szeryng ont laissé leur noble empreinte. Stéphanie de Failly prend d’emblée ses distances, par un ton très majestueux et l’accompagnement sonore d’un grand orgue, qui profitera de sa palette pour baliser le long chemin (à ce tempo: douze minutes !). On traverse l’album avec curiosité, guidé par des musiciens habiles, séduit par le Maggini de la violoniste, mais sans être bien sûr d’y revenir.
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