Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: | |
Analyste:
Harold Lopparelli Violiste du temps de Louis XIV, Demachy fut élève du maître Nicolas Hotman, comme Sainte‑Colombe, mais reste aujourd'hui très peu connu. De sa musique, seul nous est parvenu un recueil de huit Suites pour viole sans accompagnement, daté de 1685 (un an avant le premier Livre de Marais, et l'année du Roland de Lully). Romina Lischka, formée à la Schola Cantorum de Bâle auprès de Paolo Pandolfo, a gravé la moitié de ces pages, écrites soit avec la notation habituelle (on disait à l'époque: « en musique »), soit en tablature, un système plus souvent utilisé pour les instruments à cordes pincées, et qui nous rappelle ici que le monde du luth et celui de la viole étaient assez proches à l'époque. La tablature permet une lecture plus efficace des accords. Ce préambule nécessaire ferait‑il craindre un disque d'un dépouillement sévère ? Toutes proportions gardées, il n'en est rien, car les moyens expressifs dont disposait Demachy sont ici parfaitement compris et magnifiés. Les interprètes du répertoire à viole seule se perdent fréquemment soit dans un jeu très libre dans lequel les lignes succombent à une accumulation d'intentions dispersées, soit au contraire dans un repli prudent vers le choix d'une incarnation a minima ‑ et pour tout dire scolaire ‑ sans grand intérêt pour l'auditeur. Romina Lischka utilise efficacement la résonance de son instrument, et réussit presque idéalement à développer son expressivité sans fragmenter le mouvement propre de chaque pièce: les détails prennent tout leur relief sur l'impulsion renouvelée de la danse. Aucun risque ici de perdre le fil, ni l'envie d'enchaîner les plages de l'album: il faudra suivre de près cette jeune musicienne au phrasé sûr et inspiré. |
|
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |