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Sophie Roughol Exercice décidément à la mode, le portrait vocal de gloires anciennes se révèle propice aux découvertes et aux confrontations. La question n’est pas seulement «que chantait madame X», mais « quelles musiques entendait-on à Londres quand triomphaient les premiers opéras de Handel », etc. Nos meilleurs contre-ténors ont ainsi rendu hommage à divers castrats, et Karina Gauvin à Anna Maria Strada del Po (Atma), Theodora Georghiu à la mozartienne Anna De Amicis (Aparté), Ann Hallenberg à Marietta Marcolini, première muse de Rossini (Naïve), et Vivica Genaux à Faustina Bordoni(DHM,cf no. 610), que Roberta Invernizzi honore à son tour. On pourrait suivre la prima donna dans l’Europe entière : à Londres, où elle triomphe à partir de 1726 comme rivale de Francesca Cuzzoni ; à Dresde, où elle s’établit en 1730 avec son époux Hasse. Mais Roberta Invernizzi remonte le temps jusqu’à Naples, où notre Vénitienne connaissait son premier succès en 1721 (Rosiclea de Bononcini, 1721). A son départ en 1723, Vinci dédie à Faustina Rosmira (surnom gagné par son rôle dans La Partenope de Sarro puis Rosmira fedele de Vinci) la cantate Parto ma con qual core dont lnvernizzi retient «Qual rusceletto che toma al mare». Dans ce florilège d’inédits (« Canta e dicaro usignolo » de Mancini est une trouvaille majeure), il s’ajoute à La Partenope déjà citée, à trois arias de Vinci, à Poro de Porpora et Traiano de Mancini. Comment « faustiner » aujourd’hui? Le soprano d’Invernizzi se coule dans la typologie du modèle: trille ferme et serré, articulation déliée, fluidité des passages de registres, notes piquées généreuses. Une maîtrise technique réellement impressionnante, mais nourrie de charme plus que de chair. Ruisseaux et volatiles conviennent à un tempérament minaudier et discipliné. Une force qui n’autorise aucune part d’ombre. Autre fidélité à la Bordoni, avare d’abandons et de tempo rubato, nous dit-on? Ici Faustina jamais ne pleure ou meurt d’amour. Elle chante. Fort bien. |
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