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Roger‑Claude Travers La gravure de l'Opus 6 par Chiara Banchini et l'équipe de 415 copieusement renforcée demeure dans les mémoires (Harmonia Mundi). Elle évoquait les fastes des cérémonies civiles et religieuses romaines dont ces concertos grossos étaient les plus somptueuses parures, tissées par des masses instrumentales qui n'ont rien à voir avec nos « orchestres de chambre » tout‑terrain dans la musique baroque. Mais n'oublions pas que ces formations restaient exceptionnelles, que les amateurs de l'Europe entière aimaient s’approprier ce recueil phare avec des effectifs nettement plus légers, et que Corelli lui‑même dirigea chaque année, à San Luigi, de 1682 à 1708, un orchestre de dix à seize archets seulement. Dans ce cadre d'une intégrale des six opus, The Avison Ensemble reprend les effectifs « ordinaires », avec trois premiers violons, et un seul violoncelle (ce qui n'est pas forcément un avantage si l'on songe au relief harmonique, à la densité sonore que la basse continue peut apporter dans cette écriture harmonieuse). Le concertino allègre, archet à la corde, investi sur chaque note, tricote avec jubilation et une pointe d'acidité, jouant sur l'émotion et le charnel. Rien d'apollinien avec Beznosiuk, qui malaxe la glèbe corellienne avec une furieuse délectation. Les passages contrapuntiques sont croqués à traits épais, généreux et un peu baveux (dans le Concerto no 5 par exemple). Les mouvements très contrastés sur le plan agogique et stylistique réservent quelques divines surprises, comme l’Allegro final du no 2, pas de danse au jarret léger, très réussi avec ses diminutions volubiles, ou celui du no 5, entraînant à perdre haleine le ripieno dans sa fuite en avant. Et le tourbillon qui soulève la Corrente du no 10 nous laisse étourdi de plaisir. Cette approche iconoclaste, si éloignée des valeurs arcadiennes prêtées au « nouvel Orphée », peut irriter. Solaire et vive à la fois, mais d'une élégance distanciée, la vénérable intégrale de l'English Concert de 1987‑1988 conserve tout son charme (Archiv). Plus lyrique et généreux encore, enivrant, l'album de Tafelmusik reste une priorité, même s'il n'offre que la moitié du cahier (DHM). |
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