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Diapason # 658 (06/2017)
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Harmonia Mundi 
HMM902261
CPO 7778922  
 
Code-barres / Barcode : 314902022612

Code-barres / Barcode : 0761203789221

 

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Analyste: Jean‑Luc Macia

Difficile de ne pas se répéter. La série CPO de concertos à plusieurs ins­truments, qui a pris le relais de huit volumes de concertos pour vents solos, et qui atteint sa quatrième étape, nous enthousiasme pour des raisons déjà familières. Une verve constante anime ces partitions où Telemann démontre autant d'inventivité que Vivaldi. Allegros, prestos et vivaces sont donnés avec un tonus réjouissant, les mouvements lents distillés avec une délicatesse et des raffinements que la Stagione Frank­furt déploie depuis deux bonnes décennies. Avec Schneider lui‑même au recorder ou à la traversière en compagnie du formidable Karl Kaiser, avec Ingeborg Scheerer au violon et des hautboïstes du calibre de Martin Stadler ou Hans‑Peter Westermann, nous avons là un bataillon de virtuoses qui savent phraser, susurrer, enjoliver s'il le faut, la musique chamarrée de Telemann.

Ses cocktails sortent à nouveau du commun : une trompette dialogue avec deux hautbois ; deux flûtes à bec avec deux hautbois et deux violons; ou encore trois cors, deux violons, une flûte à bec, un hautbois et deux violoncelles. L’infatigable compositeur de la Wassermusik pouvait‑il parfois se laisser aller à quelques facilités ? Sans doute, mais c'est peu de chose en regard des conciliabules sereins du hautbois et des violoncelles (plage 6) quand la trompette se tait, des staccatos éperdus des cors (plage 8) sur lesquels la flûte à bec dispense des guirlandes enrubannées. Et les traversières alla Rameau (plage 19) nous ramènent à l’aventure des Goûts réunis. Pas une once d'ennui une heure durant. Guetter deux volumes encore.

 

Mais voici d'éminents rivaux pour l’équipe de Francfort : la formation berlinoise menée par le violoniste Georg Kallweit, le claviériste Raphael Alpermann et la géniale hautboïste Xenia Löffler, propose un programme totalement différent. Les effectifs sont encore plus variés : on passe d'une ouverture chambriste (cinq cordes) à un ensemble plus étoffé, jusqu'à huit violons. On retrouve le même dynamisme avec un peu plus de variété rythmique et de rubatos chez les Berlinois. Leurs allegros sont moins haletants mais tout aussi empanachés. Et eux aussi nous comblent là avec trois cors, ailleurs avec trois trompettes ou d'autres combinaisons chatoyantes. On a même droit à des raretés, comme dans le Concerto en si mineur où à côté des deux flûtes et des cordes apparaît un calchedon (ou galizona) sorte de luth à long manche, à six cordes et doté d'un accord peu banal. Le résul­tat est pour le moins intrigant.

Plus curieux encore, l’Akademie a choisi le concerto extrait de la deuxième production de la Tafelmusik qui prévoit trois violons solistes. Or, une version plus ancienne était semble­t‑il destinée par Telemann à trois clavecins : les Berlinois ont décidé de les remplacer par une mandoline, une harpe et un tympanon. Soit trois timbres d'une même « famille » mais très différenciés, qui irriguent la partition avec des résonances exotiques. On dit que Telemann s'en veut de ne pas y avoir pensé !

 

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