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Analyste:
Denis Morrier
Le quatre cent
cinquantième anniversaire de Monteverdi voit fleurir les enregistrements de
vêpres en tous genres. Ceux‑ci renouent avec une pratique initiée dès 1979 par
Dennis Stevens (« Vêpres de la Nativité », Nonesuch) : puiser dans les
anthologies montéverdiennes les plus tardives la matière d'une reconstitution
liturgique. La plupart (« Vêpres de Saint‑Jean Baptiste » par Leonhardt,
« de l’Ascension » par Arman, « d'un confesseur » par Gini ... )
font leur marché dans la célèbre Selva morale de 1640. En 1996, Françoise
Lasserre et l'ensemble Akademia se tournaient, en revanche, vers le recueil
posthume de 1650 pour composer leur « Vespro per la Salute » (Pierre
Verany).
C'est vers ce même volume, longtemps négligé par les interprètes, que se tourne
Roland Wilson. Il met en oeuvre un somptueux dispositif instrumental, avec des
cuivres rutilants et des violonistes funambules. En revanche, les chanteurs
(sopranos détimbrés, falsettistes et ténors par trop acides, basses sans
profondeur) forment en réunion un choeur trop hétérogène. Sortis du rang, ils
sont à la peine face à des motets qui comptent parmi les plus virtuoses du XVIle
siècle. Dans l'enivrant Laetatus sum, construit sur une basse obstinée
aux allures dansantes, la soprano réussit à soutenir ses vocalises tant qu'elle
est seule avec le continuo. Mais dans la doxologie, elle ne parvient pas à
surmonter la masse des autres chanteurs et instruments en tutti, à la manière
d'un bouquet final. L’Audi dulcis amica mea de Rigatti est abandonné à la
voix trop courte de Georg Peplutz, tandis que l'Alleluia conclusif de l’Ardet
cor meum, scandé syllabe après syllabe par Dominik Wörner, prend
d'involontaires accents parodiques.
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