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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Gaëtan Naulleau
L’impressionnante armada de
jeunes clavecinistes que rien n’effraie, pas moins à l'aise avec
les dentelles de Sweelinck qu’avec le Fandango de Soler,
qui ornent comme ils respirent, et qui respirent large, donne
le tournis et nous ferait presque oublier qu'un Pierre Hantaï domine
aujourd’hui son instrument comme personne. Domine ? Mieux: invente.
De son maître Leonhardt il a reçu, plus qu'un livre de recettes, l'art de
poser lui‑même les règles du jeu, en essayant tout ce que le clavecin
permet, en combinant avec autant d’art que d’imagination tout ce qui peut
agir sur l’auditeur (rubato, diction, ponctuations, résonances propres à tel
instrument). Car au clavecin il convient de tricher, de mimer sans
cesse une variété que sa mécanique ne traduit qu’à contrecoeur Et personne
ne triche comme Hantai. Du propos expérimental et obsessionnel
de Scarlatti il a fait son propre laboratoire, baigné dune lumière
particulièrement chaude dans le cinquième opus qu’il lui consacre
(Astrée 1992, Mirare 2002, 2004 et 2005). Les volumes précédents, qui
laissaient à chaque fois la jeune garde à genoux, faisaient la part belle
aux caprices fiévreux et aux sonates d’une virtuosité féroce, balayant le
clavier comme on gratte la guitare. S’îls sont plus rares aujourd’hui, la
palette d'humeurs n'est pas moins large ni intense. Un petit relâchement de
phrasé suffit à nous faire entendre, derrière la tendresse bienveillante
d’un cantabile (K 144), la fierté d’un grand d’Espagne.
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