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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Guillaume Bunel
Si les précédents disques de
Graindelavoix abordaient des répertoires peu fréquentés, c'est à un
véritable monument de la musique médiévale qu'est dédié cet enregistrement.
De la Messe de Nostre Dame de Machaut, il existe à ce jour des dizaines de
versions, certaines excellentes telles celles des ensembles Gilles Binchois
(Harmonic Records, 1990) et Diabolus in musica (Alpha, 2008). Fidèle à sa
démarche iconoclaste, l'ensemble Graindelavoix se démarque avec force du
hiératisme, de la pureté limpide de la plupart de ces enregistrements, et
impose d'emblée son esthétique âpre. La liturgie qui encadre les mouvements
polyphoniques de l'ordinaire intègre ici des éléments quelque peu
hétéroclites (Pérotin, codex Las Huelgas). Comme ceux de l'ordinaire,
ces mouvements du propre sont remarquables par le dosage subtil entre
l'autonomie, la liberté individuelle des voix, aux timbres hétérogènes,
s'accordant sans cesse de petits écarts ornementaux et expressifs, et une
rigueur exemplaire de la mise en place.
Cette exigence de précision est,
de fait, rendue nécessaire par les hoquets et autres jeux rythmiques
complexes, omniprésents dans la messe de Machaut. L'un des aspects les plus
frappants du style vocal de l'ensemble, enfin, est la grande suavité des
mélismes. Ceux-ci glissent parfois insensiblement d'une note à l'autre, en
de sortes d'inflexions microtonales. Très séduisants dans les lignes
conjointes, auxquelles ils donnent une rare fluidité, ils peuvent cependant
se révéler douteux dans les passages plus tortueux, où ils semblent au
contraire dégouliner parfois maladroitement.
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