Outil de traduction (Très approximatif)
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Analyste:
Jérémie Bigorie
Les voix du
choeur étant assurées par les élèves de la Thomasschule, c'est-à-dire des
garçons, Bach recrutait des falsettistes issus de l'université pour chanter les
airs de soprano et d'alto de ses cantates. L'exact contraire des orphelinats de
jeunes filles dans la Venise du début du XVIIIe siècle où officiait Vivaldi.
Geoffroy Jourdain se propose d'interpréter cette anthologie de pages sacrées où
figurent les célèbres Kyrie et Gloria tels qu'ils pouvaient l'être dans ces
ospedali. La partition originale reprenant la répartition classique entre
sopranos, altos, ténors et basses afin de faciliter la circulation des oeuvres
en dehors des hospices vénitiens, on s'est alors livré aux transpositions qui
s'imposent pour la rendre accessibles aux sopranos 1 et 2 d'une part, altos 1 et
2 d'autre part. Il n'est pas lieu ici de lancer un débat musicologique :
relevons simplement l'essentiel, à savoir que l'interprétation est cohérente
dans son parti-pris. Geoffroy Jourdain modèle un effectif d'une remarquable
ductilité, baigné dans l'acoustique particulièrement enveloppante d'Ambronay. On
n'attendra pas de cette option des contrastes saisissants entre les tessitures
(tel le « Christe » du Kyrie, où Vivaldi supprime un moment les basses et
les ténors), non plus que l'intervention de grandes voix dans les duos (telles
les ineffables Berganza et Valentini Terrani avec Muti), ici chantés par les
membres du choeur auxquels s'ajoute la participation notable d'Anna Reinhold.
Mais à défaut de pouvoir jouer sur les couleurs, Jourdain varie avec art les
éclairages, tel un peintre façonnant un délicat
camaïeu. Les dames des Cris de Paris brillant de mille feux, on fera bon accueil
à ce Vivaldi féministe et inspiré.