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Diapason # 647 (06/2016)
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Alpha
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Code-barres / Barcode : 3760014192357

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

En écho à son deuxième récital, partagé entre Rameau et Royer et salué d'un Diapason d'or, Jean Rondeau revient en quatuor à ce XVIII siècle français si cher à ses mentors : Blandine Verlet et l'ami Skip Sempé, dont l'idéal d'un brio fier et nonchalant, « sans souci », est devenu le sien. En écho disions‑nous ? Non des Sauvages ou du Vertigo, mais de L'Entretien des Muses, de L’Aimable, de La Zaide, tableaux gagnant sous ses mains une hypersensibilité sans pose.

 

En quatuor la chose est plus délicate, mais tout est permis aux meilleurs amis du monde. Ils s'écoutent avec confiance, se répondent avec bienveillance, composent avec la résonance du clavecin, rebondissent largement sur ses appuis. Ces quatre‑là aiment plus que tout se lover dans les mouvements lents ‑ à ceux des cinq sonates au programme ils en ajoutent deux, en prélude et coda.

 

Leur jeunesse heureuse, qui doit davantage à la Comtesse de Ségur qu'aux Liaisons dangereuses, jouit d'une virtuosité fusionnelle. Chacun s'en voudrait de prendre la parole au détriment du voisin ‑ à tel point que le violon tout en grâces de Louis Creac'h, si soucieux de ne pas s'imposer devant la flûte d’Anna Besson, n'est pas loin de nous agacer par son manque de franchise dans l'accent. Mais il en faudrait plus pour affecter l'élan collectif, et les micros d'Aline Blondiau, en donnant au clavecin moteur de Rondeau une présence inhabituelle (mais équilibrée), renforcent la vie rythmique des allegros.

 

Largo, Adagio, Larghetto (tous pris aussi lentement que possible) invitent à un voluptueux bain moussant d'harmonies étirées et de textures soyeuses. La complicité coloriste des Nevermind se double‑t‑elle d'un idéal de conversation en musique ? Cet entre‑soi luxueux reste imperméable à l'opposition dialectique, la réplique impatiente ou ironique, la tension articulée. Nous voici donc aux antipodes de Reinhard Goebel, un des premiers à défendre brillamment, il y a quatre décennies de cela, les deux compositeurs au programme de ce premier album. Le style et les options marqués du violoniste allemand ont pris le risque de vieillir. La forte séduction de Nevermind prend celui de laisser l'auditeur en béatitude devant le vernis d'un objet somptueux; leur dialogue papillonne merveilleusement d'une humeur à l'autre, mais fait rarement l'effort de soutenir une idée dans les échanges les plus affûtées de Guillemain. Avouons que l'appréciation du disque dépendra de votre système hi‑fi: sur un matériel de premier choix, le gain de plaisir par le timbres l'emporte sur tout le reste.

 

 

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