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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: David Fiala « Douce mémoire... » Ce sont les premiers mots d'un huitain pas trop mal tourné du roi François ler qui, oui, composait des vers pour se délasser des assauts des lansquenets de Charles Quint ‑ peut‑être notre François contemporain poétise‑t‑il à ses heures perdues pour oublier un peu Angela. Le roi en devisait avec Clément Marot, qui jugeait ses efforts avec bienveillance. Quand le « composeur » de la chapelle royale, Pierre Sandrin, ou son collègue Claudin de Sermisy, passait par là, il pouvait en faire une chanson à quatre voix, puis l'imprimeur du roi en musique, le Picard Pierre Attaingnant, mettait le tout sous la presse à Paris, et les gens de bien du royaume les chantaient au coin du feu.
Bref, Douce mémoire, qui mieux que l'ensemble ainsi nommé de Denis Raisin Dadre pouvait commémorer en musique le vainqueur de Marignan qui, cinq cents ans après, fait la couverture des magazines ? Personne. Depuis un quart de siècle, c'est le groupe qui fréquente le plus assidûment les musiques de la France du XVIe siècle. Sous la direction d'un virtuose de la flûte à bec, ils se sont d'abord fait connaître avec la chanson et les répertoires instrumentaux, avant de se tourner vers la polyphonie religieuse, notamment celle de la chapelle royale de la seconde moitié du siècle.
Leur livre/double CD dessine un panorama musical à la fois complet, généreux et original des trois décennies du règne de François ler (1515‑1547). Le premier disque propose la reconstitution d'une « Messe pour le Camp du Drap d'Or », une fastueuse rencontre diplomatique avec le roi d’Angleterre tenue en juin 1520 dans le calaisis, dont les témoins éblouis ont décrit les palais de tentes érigés en rase campagne et les cérémonies qui s'y déroulèrent. Les motets de l'aîné Jean Mouton alternent avec les mouvements de messe de Sermisy ou de l’Anglais Nicolas Ludford.
Le second disque nous vaut une passionnante plongée dans le répertoire des musiciens de « La Chambre du Roy », le corps de chantres et d'instrumentistes virtuoses nouvellement constitué pour les divertissements profanes de la cour (au sein duquel devaient s’illustrer quelques années plus tard les premiers castrats). Si l'on n'y retrouve ni la fameuse Douce Mémoire, ni une seule note de Janequin (qui ne fut jamais recruté au service du roi), la plupart des tubes de l'époque sont là: Je suis deshéritée, Susanne' un jour, Tant que vivray, Las je m'y plains ou Content désir. La remarquable originalité du programme est d'en graver, en plus des versions initiales et d'arrangements à danser, les versions très élaborées qu'en recomposa pour six, sept ou huit voix Pierre Certon, toutes inédites et d'une impressionnante ampleur.
Dans le volume de polyphonie religieuse, l'alliage de l'ensemble, notamment à voix mixtes n'atteint pas toujours les hauts standards de perfection auxquels nous ont habitué les Huelgas et autres Stile Antico, mais l'ampleur expressive est là et les découvertes nombreuses. Le second disque est en revanche un tourbillon de virtuosité et de poésie, d'une extraordinaire variété d'ambiances et de timbres. Hautement recommandable, cette vaste anthologie à deux visages est assortie d'un véritable livre de 130 pages, riche d'une belle iconographie et de textes nombreux et utiles
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