Animées d'un souffle de révolte, ces cinq Symphonies rompent avec la douceur de l'Empfindsamkeit tirant leur force expressive des stupéfiants contrastes dynamiques, caractéristiques du style « Sturm und Drang ». Enregistrées live,  les lectures de Rebecca Miller font ressortir l'esprit tourmenté de ces partitions. C'est ainsi qu’elle mobilise avec vigueur les archets de l'Orchestra of the Age of Enlightenment, faisant jaillir la solide assise rythmique des deux Symphonies Wq. 182, en maintenant une lisibilité parfaite malgré des tempos véloces. Les miroitements des textures et des éclairages engendrent une forte tension émotionnelle qui se prolonge dans les mouvements lents, notamment dans le profond et chaleureux Largo ed innocentemente Les mêmes options interprétatives se retrouvent dans les deux Symphonies Wq. 183 qui captivent par les franches oppositions entre mouvements vifs ébouriffants et Largos poétiques. La baguette précise de Rébecca Miller magnifie le raffinement de l'écriture comme l'illustre la subtile mise en lumière des syncopes de l'Allegro di molto, ingrédient qui anime le mouvement d'une vitalité réjouissante. Le programme se referme sur une Symphonie Wq. 179 lumineuse. Encadrant un Larghetto lyrique, les mouvements extrêmes se déploient avec une belle vitalité doublée d'un sens aigu du détail et un art théâtral d'instiller des silences. Des lectures vivantes, un peu moins survoltées que celles de l’Akademie für Alte Musik Berlin (HM) et proches de l'esprit de celles de Manze avec The English Concert (HM) et de Leonhardt (Virgin).