Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste:
Jean‑Luc Macia Louis‑Gabriel Guillemain était-il en son temps l'équivalent de nos « rock stars », comme l'assure le flûtiste Kozue Sato dans sa notice très informée ? Le destin de ce violoniste hyperdoué n'a, certes, rien de banal: adopté par un comte, étudiant en Italie, il devint musicien ordinaire de la Chambre du Roy dès 1737 puis entra au service de la reine vingt‑deux ans plus tard. Très vite il fut l'un des virtuoses les plus admirés (« c'est peut‑être le violon le plus rapide et le plus extraordinaire qui se puisse entendre », écrit un de ses contemporains) et les mieux payés de Paris. Mais il dilapida rapidement la petite fortune qu'il avait ainsi amassée, s'abandonna à l'alcool, cessa de jouer en public et finit tragiquement : la police affirma qu'il s'était suicidé mais son cadavre lardé de quatorze coups de poignard fait plutôt songer à un meurtre.
A côté de ses « symphonies en trio », de ses concertinos et de ses Caprices échevelés pour violon sans basse, ce propagateur du style italien en France nous laisse deux opus de sonates en quatuor (1743 et 1756), pour flûte, violon, viole de gambe et basse continue (la préface permet de le jouer au violoncelle seul, mais nos interprètes préfèrent la variété qu'apporte un clavecin).
Guillemain entendait reproduire dans ces oeuvres les conversations plus ou moins courtoises ou acharnées des salons parisiens : il tisse des dialogues touffus, alertes, évoquant autant les quatuors de Telemann que les Pièces de clavecin en concerts de Rameau. Il ne dédaigne pas les raffinements rococo, où le violon et la traversière déploient une virtuosité étincelante. Les partitions de l'Opus 17 ,en trois mouvements (vif‑lent‑vif) arborent une modernité structurelle et harmonique qui contraste avec les digressions colorées alla Couperin de celles de l'Opus 12. La qualité de l'écriture foisonnante va au‑delà des simples divertissements si fréquents au mitan du XVIIIe siècle parisien. Fondé par Kozue Sato, l'ensemble Barockin', très international (le clavecin est tenu par l'Alsacien François Jacob), défend ces conversations en musique avec beaucoup de tranchant et de grâce. |
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |