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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Jérémie
Bigorie « Premier homme du monde » selon Mattheson à qui il succède en 1728 au poste de Cantor à la cathédrale de Hambourg, Reinhard Keiser se consacre alors à la musique religieuse après s'être brillamment illustré à l'opéra. La Passion selon saint Marc, dont la paternité s'avère aujourd'hui sujette à caution, est une oeuvre pleine de vigueur que Bach tenait en haute estime. Mais à la différence des passions de ce dernier qui font davantage appel à la complicité du public‑croyant par le truchement de nombreux chorals, la Passion selon saint Marc s'attache surtout à la dimension théâtrale du calvaire du Christ, comme si le compositeur du Croesus restait fidèle à la même muse: le rythme dramatique est rendu haletant par les interventions brèves et diffractées des solistes et du choeur, tandis que la partie de l'évangéliste (ici Jan Kobow, très impliqué), infléchie par d'expressives modulations, constitue l'épine dorsale du récit, tour à tour tendre et compassionnel.
À défaut d'une version définitive de l'oeuvre, la présente, bien que fondée sur le manuscrit dit de Weimar (1713), se rattache aux exécutions leipzigoises plus tardives par le rajout du hautbois et du basson ainsi que par la distribution de trois chanteurs par partie. Les ensembles Jacques Moderne et Gli Incongniti se conjuguent à tous les temps, ceux haletants (intervalles, notes répétées) de jésus prophétisant le reniement de saint Pierre, pathétiques de « O Golgotha » (émouvante Anne Magouët) ou contrastants (homophonie/polyphonie) des ensembles choraux. Les voix ne sont certes pas les plus belles du monde (notamment le ténor et le contre‑ténor), mais le résultat surpasse la somme des parties grâce à la direction fédératrice de Joël Suhubiette.
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