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Diapason # 636 (06/2015)
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Glossa
GCD923504




Code-barres / Barcode : 8424562235045

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑François Lattarico

On sait que les opéras de Handel s'inspirent et pas seulement pour le livret ‑ d'ouvrages italiens. AttiIio Cremonesi révélait il y a quelques années le Giulio Cesare vénitien de Sartorio (ORF, cf no 533), et voici Carlo Ipata qui lève le voile sur le Bajazet de Gasparini. L’infatigable Nicolas Haym acclimatait sa trame au goût londonien en 1724, et invitait Handel, toujours pressé de changer de registre d'une oeuvre à 'autre, à y broder sa partition la plus dense en tragédie.

 

Exact contemporain d'Alessandro Scarlatti, Gasparini mit trois fois en musique le livret d'Agostino Piovene qui inspirera encore Vivaldi, Leo et Scarlatti). C'est la seconde version (Modène, 1719), la seule préservée, qui est donnée ici en première mondiale et ‑ à l'exception de menus récitatifs ‑ en version intégrale. On est d'abord frappé par la beauté des récitatifs, dignes du meilleur Vivaldi. Point de secco décharné, qui fait attendre impatiemment les airs, mais un declamando d'une grande ductilité, ici et là cantabile, parfois arioso, qui nous rappelle que nous sommes d'abord au théâtre. Théâtre sombre, avec le suicide du héros sur scène.

 

Les airs reflètent la gamme la plus variée des passions, avec des solutions stylistiques remarquables (l'aria d'Asteria, « Cor di padre » en finale du Il avec violoncelle obligé, le trio « Voglio strage », « Questa solo è il mio tesoro, » avec flauto dolce), tandis que l'on apprend à quel point la scène du suicide de Bajazet chez Handel (interprété d'ailleurs par le même ténor Borosini) doit à cette version de Gasparini.

 

La distribution, très homogène, est dominée par les mezzos Giuseppina Bridelli, dont on louera la musicalité et l'ampleur vocale, et Ewa Gubanska (superbe « Non è si fido » avec pizzicatos). Le chant noble de l'alto Benedetta Mazzucato s'épanouit dans le superbe largo « Morte non è agli amanti ». Parmi les trois contre‑ténors, Antonio Giovannini tient le haut du pavé, tandis que le chant un peu rigide de Raffaele Pe n'enlève rien à l'envoûtante beauté de sa « Rondinella che si vede ». Malgré ses défauts (un chant un peu poussif dans les aigus et une projection pas toujours maîtrisée), Filippo Mineccia campe un fort juste Tamerlano ; ses récitatifs très expressifs reflètent une intelligence remarquable du texte. Seul le ténor De Lisi est à la traîne, mais l'incarnation idoine du vieillissant Bajazet compense un chant las et plutôt ingrat. Les Auser Musici ont gagné en précision depuis leur dernier enregistrement lyrique (Le disgrazie d’Amore de Cesti chez Hyperion, cf no 578), et Carlo Ipata dirige avec conviction cette résurrection.

 

 

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