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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Jean‑François Lattarico Quand un virtuose du violon rencontre le plus parfait des poètes, leur dialogue fécond livre un chef d'oeuvre. Adriano in Siria, le premier des quatre opéras de Veracini, se tramait sur un livret de Métastase révisé par Angelo Corri. Représenté en 1735 par l'Opera of the Nobility de Londres, il recevait un triomphe, et les applaudissements de Handel. Qui valaient aussi pour un casting de rêve: Senesino et Farinelli, la Cuzzoni et la basse Montagnana !
Pour redonner vie à dette partition foisonnante, il a fallu restituer les récitatifs, absents du manuscrit. Le résultat est remarquable de justesse: un souple recitar cantando rend justice au drame qui met en scène le souverain Hadrien, vainqueur des Parthes, alors qu'il s'apprête à épouser la fille de son ennemi (éprise d'un autre, comme de bien entendu). Tous les codes de l'opera seria sont respectés : l'aria di sdegno, la scena d'ombra, l'aria di paragone, les scènes martiales qui évoquent cette autre guerre en Syrie, et les scènes de bravoure dont se délecta le public londonien.
La science de Veracini fait merveille, sans pour autant écraser les voix qui dialoguent avec l'orchestre. Dans cette captation de concert, Biondi est soucieux d'un équilibre qu'il sait fragile. Sa distribution, habile, est menée par Sonia Prina, enfin correctement distribuée. Son abattage convient au rôle‑titre, malgré une propension à minauder et à se fâcher parfois avec la justesse. Ann Hallenberg, en prince vertueux, est époustouflante: sa prestation fourmille des mille nuances que lui offre son rôle (de la messa di voce de son air d'entrée aux pyrotechnies finales du II). Invernizzi touche au sublime dans le largo « Quell'amplesso », tout en pathétisme contenu. Elle ne démérite pas dans les airs plus virtuoses (finale du I, avec écho et changements de tempos). Rivale malheureuse, la Sabina de Romina Basso délivre des graves toujours aussi racés (« Numi, se giusti siete »), tandis que Lucia Cirillo impressionne dans un rôle destiné à une soprano. Quant à Ugo Guagliardo, s'il n'a sans doute pas l'ambitus vocal de son illustre aîné, il campe un Osroa plein d'humanité, jusque dans ses imperfections.
Le père de Veracini était apothicaire, et dans la Grèce antique, le pharmacon servait de remède à l'excès des passions. On rendra grâce à Fabio Biondi de nous avoir révélé en Adriano in Siria une bien stimulante pharmacopée.
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