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Diapason # 644 (03/2016)
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Linn
CKD451




Code-barres / Barcode : 0691062045124

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Pour sa direction, à la fois analytique et thâtrale, pour son traitement harmonieux de la partition et pour ses interprètes prometteurs, cette réalisation offre une alternative intéressante aux versions de référence en CD (Harnoncourt, Jacobs) et DVD (Harnoncourt, Christie).

 

Reflet d'une production scénique bostonienne, elle repose sur la vitalité théâtrale et l'implication dramatique des interprètes. Martin Pearlman dirige son propre arrangement de la partition : une édition originale d'une grande probité, qui respecte l'intégralité de l'unique manuscrit viennois (ce qui est rare), privilégie un traitement varié de la basse continue et se contente d'ajouter quelques accompagnements instrumentaux (de bon goût) dans certains airs. De fait Pearlman incarne le « juste milieu » entre les arrangeurs militants (intervenant abondamment dans la partition, tels Harnoncourt et Jacobs) et les apôtres du strict respect du texte original (Curtis ou Vartalo). Il fait appel à un orchestre « médian », plus étoffé que celui des « philologues » mais moins profus que celui des « symphonistes »: deux flûtes à bec et deux cornets viennent colorer une douzaine de cordes, quand cinq instrumentistes se répartissent le continuo.

 

La distribution très cohérente permet de découvrir quelques voix, souvent jeunes, peu connues sur le vieux continent. Jennifer Rivera, sombre mezzo aux graves somptueux, campe une Pénélope aussi poignante qu'ardente, digne héritière de Trudeliese Schmidt et Bernarda Fink. Autre révélation prometteuse, Aaron Sheehan apporte au beau rôle de Télémaque une intensité dramatique inaccoutumée. Parmi les Olympiens, Leah Wool campe une Minerve toute de fulgurances virtuoses, tandis que Joāo Fernandes impressionne en Neptune abyssal et fulminant.

 

L’UIysse de Fernando Guimarāes est tout de noblesse, de gravité et d’autorité, mais il lui manque cette touche de dolorisme qui conférait leur hu­manité si poignante aux incarnations de Werner Hollwêg et Christoph Prégardien. Seule déception dans la distribution : un trio de préten­dants bien fade, aux antipodes des machiavéliques personnages, hauts en couleurs, qu'il nous a souvent été

donné de découvrir. Restent Abigail Nims et Daniel Shirley, délicieux couple d'amoureux : leur premier duo, tout de tendresse et de conni­vence, introduit un radieux contraste avec les lamentations déchirées de Pénélope.

 

 

 

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