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Diapason # 640 (11/2015)
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Arcana
A382




Code-barres / Barcode : 3760195733820

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jacques Meegens

« Un enregistrement complet de l'un des manuscrits les plus énigmatiques de l'histoire de la musique européenne », annonce l'éditeur, qui fait, oeuvre utile en regroupant quatre albums consacrés au Codex Chantilly entre 1995 et 2010 ‑ « Balades a III chans », « Fleurs de vertus », « En doulz chastel de Pavie », « Corps femenin ». Le manuscrit en question, rédigé à la fin du XIVe siècle, s'inscrit clans une période riche tant culturellement que politiquement: le Grand Schisme d'Occident, qui voit cohabiter trois papautés à Rome, Avignon et Pise, est le cadre d'un complexe jeu d'alliances avec les cours françaises et italiennes. Ce contexte se révèle d'autant plus capital que plusieurs compositions du Codex Chanfilly font la louange de certains hauts personnages ou témoignent d'événements majeurs de l'époque. Ferrara met l'accent sur cet angle historique pour les thématiques des quatre disques: l'un autour de Trebor et des comtes de Foix, d'autres sur les ducs de Milan ou de Berry. Un livret très complet et remarquablement didactique détaille ces enjeux.

 

Toutes ces cours et ces curies papales rivalisent de finesse et de prestance, et le goût musical est alors à la subtilitas. Rythmes d'une redoutable complexité, polyphonies enchevêtrées, syncopes, dissonances, rien n'est épargné aux interprètes dans ces chansons extrêmement exigeantes, souvent de grande ampleur, et qui ne souffrent pas la moindre imprécision. La précision, vertu cardinal de l'ensemble bâlois, impressionnant dans Medee fu en amer véritable. Un scrupuleux respect de la partition n'empêche pas les musiciens d'apporter du naturel aux phrasés et de la consistance à la polyphonie, en soignant les douceurs d'harmonie entre les différentes voix, particulièrement manifestes dans les chansons a cappella. La rondeur de De ma dolour et En attendant souffrir de Philipoctus de Caserta représente un modèle du genre. L’énergie des pièces instrumentales contraste avec la souplesse des lignes de chant. Les instruments accompagnent avec délicatesse, Crawford Young parsemant ses mélodies de luth d'ornementations inspirées du manuscrit de Faenza (contemporain de Chantilly), et répondant aux sonorités chaleureuses des vièles.

 
Avec vingt‑neuf chansons du Codex Chantilly (et quinze d'autres manuscrits proches), le coffret totalise plus de quatre heures de musique. C'est considérable, certes... mais l'éditeur ne tient pas sa promesse d'exhaustivité. Il ne reste pas moins de quatre-vingt‑quatre oeuvres à enregistrer pour faire le tour de ce manuscrit exceptionnel.
 

 

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