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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Pierre Hamon et ses complices poursuivent leur défrichage de l'oeuvre colossale de Guillaume de Machaut. Après deux albums consacrés aux formes longues comme le lai et la complainte, « Mon chant vous envoy » se concentre sur les miniatures ‑ ballades, rondeaux et virelais ‑ dans lesquelles le chanoine de Reims interroge les aléas du coeur sur fond d'amour courtois. Voilà une musique atemporelle dont les sensibles apprécieront la simplicité mélodique, quand les savants se perdront en conjectures sur l'art combinatoire de la Messe de Notre Dame, exemple achevé du modernisme cher à l'ars nova. Mais la ballade « Plourez, dames, plourez vostre servant » illustre bien cette oscillation entre ars antiqua et ars nova en faisant alterner la spontanéité du trouvère et des recherches plus contournées. Marc Mauillon fait sienne les règles
prosodiques avec un naturel confondant. Pourtant, les accents du vieux
français ne sont pas des plus flatteurs et vont même à l'encontre des
voyelles ouvertes recherchées par les chanteurs lyriques à l'opéra. Un temps
d'adaptation une fois écoulé, ils deviennent gage d'émotion par leur
adéquation parfaite avec les contours mélodiques (la mélopée orientalisante
de « Dame, votre duos viaire ») que soutient une harmonie d'une
beauté minérale. Soulignons la qualité intrinsèque des textes ‑ sans
véritable équivalent à l'époque, judicieusement traduits si nécessaire en
français moderne, ainsi que l'excellence du soutien instrumental (harpe,
flûtes, organetto ... ) qui n'aurait certainement pas déplu à Jacques
Chailley, lequel voyait en Machaut « le véritable précurseur de
l'instrumentation ». | |
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