John Eliot Gardiner avait déjà enregistré, en 1993 et 1999, à Londres pour Archiv ces quatre cantates composées pour le jeudi de l’Ascension. Il les donna ensuite dans le cadre de son pèlerinage de l’an 2000 mais il semble qu’un problème technique l’obligeât à reprendre le programme, ce qu’il fit en mai 2012 dans une église londonienne. En douze ans, les équipes ont changé, de nouveaux solistes ont fait leur apparition dans ce volume XXVIII excepté Dietrich Henschel déjà présent dans certains disques (1, 13, 18).

Comparé à la première version, la présente, captée en concert, paraît singulièrement plus spontanée, plus enthousiaste et plus assurée. Sans doute la pratique obstinée de ce répertoire a-t-elle délié les doigts des instrumentistes des English Baroque Soloists. Le Monteverdi Choir reste en revanche identique c’est-à-dire fidèle à sa réputation d’excellence. Aussi imagine-t-on difficilement choeurs introductifs plus homogènes, plus convaincus, plus déterminés, plus... ascensionnels. De même, la conduite des chorals se montre toujours d’une grande souplesse, attentive aux ponctuations harmoniques et parfois surprenante comme dans l’épisode central de l’Oratorio de l’Ascension BWV 11, murmuré et entonné dans un tempo très retenu.

Tout serait quasiment parfait et on n’hésiterait pas à suivre Johann Sebastian Bach dans son voyage si les chanteuses n’alourdissaient pas l’équipage. Le timbre ingrat et la justesse aléatoire de Lenneke Ruiten (Cantate BWV43/5 et Cantate BWV 11/10) et Meg Bragle (Cantate BWV 11/4 version primitive de l’Agnus Dei de la Messe en si mineur) rappellent sans ménagement la dureté de la condition humaine. Constat cela dit très luthérien.

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