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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier La deuxième partie introduit un nouveau contraste: les dissonances sont distillées suavement, illustration idéale de l'oxymore « dolce pena », tandis que dans la péroraison, Alessandrini nous fait savourer chaque mot jusqu'à l'extase. Son Combattimento (le précédent posait déjà une référence) n'est pas moins impressionnant d'invention. En Testo, le fabuleux Raffaele Giordani profère chaque parole avec une pertinence et une profondeur rares. Il ose et réussit là où tant d'autres n'ont su ni tenter ni convaincre: la pire violence des batailles, la stupeur muette face au drame, l'élévation spirituelle et même la liberté du lyrisme et de l'ornementation, lorsque Monteverdi l'y invite (« dans la strophe commençant par Notte »). Le discours orchestral revêt une importance et surtout une diversité nouvelles: le paysage sonore et la peinture des affetti sont plus colorés et éloquents. Les violons non seulement restituent les pizzicatos et les modes de jeux alla Bartok que le compositeur spécifie, mais donnent aussi à entendre les arcate soave exprimant « la supplication et l'humilité, puis la mort » : le chef attend l'ultime extinction du son, faisant tirer les archets jusqu'à leur dernière extrémité. Jamais l'agonie de Clorinde n'a été aussi crédible, jamais non plus les portes du Ciel ne s'étaient ouvertes sur une plus douce lumière. À l'envol de l'âme succèdent ingénieusement deux madrigaux des Livres Il et III: après le combat, les pleurs et les remords de Tancrède devant la tombe de la belle Sarrasine (Vivro fra i tormenti).
Le Lamento della
Ninfa résume le travail sur le texte qui permet à Alessandrini de se
soustraire à toutes les tentations « esthétisantes » en renouant avec le coeur
du projet montéverdien. Il n'est pas le premier à tenter de suivre le
conseil noté par le compositeur en tête de la partition, et donc à laisser la
soprano s'abandonner au tempo dell'affetto tandis que les trois voix
d'hommes conservent sous sa plainte, une battue régulière; mais il est
bien le premier à y trouver un rubato aussi puissant et crédible, connecté à
chaque fibre de la parole. Un tempo plus rapide que chez la plupart de ses
confrères l'encourage sur cette voie, comme sur celle d'un ton inédit: la Nymphe
cède à sa fureur amoureuse, elle n'est pas une victime languissante mais une
amante révoltée, toujours en proie au désir mais impérieuse jusqu'aux tréfonds
de sa détresse, Elvira un siècle et demi avant Mozart ! Jamais encore,
comme le propose le poète, le chant n'a mêlé ainsi « le feu et la glace ». |
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