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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Philippe Ramin A contre‑courant des modes, Trevor Pinnock balaie deux siècles de musique en un récital et avec un seul instrument ‑ la copie d'un grand Hemsch qui l'accompagne depuis plus de trente ans. La prise de son chaleureuse et naturelle lui rend justice et renforce le sentiment d'intimité avec l'auditeur. Librement partagé entre des pièces célèbres (Suite française en mi majeur de Bach, The Carmans Whistle de Byrd, Chaconne en sol de Handel) et quelques bis, le généreùx programme s'enchaîne à ravir. Trevor Pinnock n'ornemente pas la Diferencias de Cabezon et préfère laisser nu le majestueux développement de la polyphonie. Sous ses doigts, cette option fonctionne remarquablement. Et de manière générale, l'interprète cultive davantage l'art de la respiration musicale que celui du remplissage digital.
Une chasse du roi (Kings Hunt) spectaculaire et pleine d'humour, bien en accord avec la personnalité fantasque de John Bull, nous prouve qu'un grand clavecin Hemsch peut très bien évoquer les âpres singularités du courant élisabéthain. La simplicité toute vocale des Variations on Mein junges Leben hat ein End de Sweelinck bénéficie également de l'admirable sonorité flûtée du petit clavier et de la diction moelleuse des jeux accouplés. Du grand art.
Trevor Pinnock a l'excellente idée de faire précéder la Suite française du prélude en mi majeur du premier Livre du Clavier bien tempéré. Une entrée en matière rêveuse et souplement dansée, une allemande mutine et délicate, une courante en forme d'étoile filante, une sarabande point trop grave et délicatement parée d'ingénieux ornements nouveaux, un jeu de luth à la main gauche pour une polonaise gracieuse: toute une culture du chant au clavier rayonne avec simplicité.
Un Frescobaldi d'une hardiesse d'élocution peu commune (Toccata nona) laisse place à la fausse ingénuité du Balletto où le claveciniste glisse des diminutions expressives et audacieuses. La splendeur orchestrale de la Chaconne de Handel fait sans peine oublier la version un peu brutale de Pinnock en 1984 (Archiv) et nous séduit davantage que le grand spectacle de Staier (« Hambourg 1734 », HM).
Le récital s'achève sur trois sonates de Scarlatti fiévreuses, où les accords dans le grave du clavier font merveille. Encore un sujet d'étonnement concernant la personnalité de cet instrument. Le climat mystérieux de la K 490, les fanfares de la K 491, les oeillades de zarzuela de la K 492 sont rendues avec la maîtrise tranquille d'un immense musicien.
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