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Diapason # 635 (05/2015)
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Naïve
OP30559




Code-barres / Barcode : 0709861305599

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Roger‑Claude Travers

C'est dans l'air du temps. Le rythme des Saisons s'accélère. Huit nouvelles versions en quelques mois! Rançon de cette routine, l'intérêt s'émousse, même si, quand l'archet est tenu par Sinkovsky, une paupière lasse se soulève. Dix ans après avoir achevé ses études (de violon moderne) au conservatoire de Moscou, il compte parmi les virtuoses les plus épatants du violon baroque ‑ un Diapason d'or accueillait en 2013 un florilège vivaldien « Per Pisendel ».

 

Sans surprise, ses Saisons sont traversées par des passions fortes et fondées sur un dramatisme exacerbé et précis. Les décors sont richement plantés, comme une mise en scène de Noureev. Tentures damassées et brocarts d'or. Dès l'entrée du Printemps, les oiseaux gazouillent avec un raffinement exquis sur fond de harpe baroque. Le chien, ni dogue hargneux ni gentil chiot, aboie vraiment, comme celui d'Harnoncourt. Le balancement rythmique si convaincant dans la danse pastorale donne l'espoir d'une grande version. Le temps étiré du début de L’Eté distille un sentiment délicieux d'attente... avant la déception. Coucou excité alla Biondi, logorrhée ornementale dans le somme du pâtre, crescendos artificiels pour les vents impétueux, aboutissant à la modification de la ligne soliste dans le dernier solo.

Mauvais signe, confirmé à L’Automne avec un ivrogne narcissique qui se regarde tituber. Le grouillement d'arpèges à deux clavecins dans Il sonno est plus intéressant, comme d'ailleurs cette peinture animalière lors de La chasse. Le froid sibérien de L’Hiver n'a rien de vénitien. Les ruptures de tempos agacent malgré un violon splendide.

 

Sinkovsky chante aussi. Dans la cantate Cessate omai, son registre aigu de contre‑ténor, sensible et bien timbré résiste un temps à la comparaison avec celui de Cencic, dont l'étoffe plus belle dans tous les registres fait la différence dans l'air « Nell'orrido albergo », où s'abîment les graves forcés de Sinkovsky. Le quarté gagnant des Saisons reste inchangé : Carmignola avec les Sonatori ou Marcon, Amandine Beyer et Pinnock.

 

 

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