Premier récital d'opéra au disque pour Blandine Staskiewicz, cet enregistrement marque une nouvelle étape dans la carrière de la mezzo‑soprano française. Celle qu’on a vu figurer sur nombre d'affiches prestigieuses, baroques ou non, depuis une dizaine d'années, passe aujourd'hui à l'avant‑scène après un album plus discret consacré aux mélodies de Massenet (Erol, 2012). Choisi comme fil conducteur, le répertoire de l'air de tempête ‑ expliqué par une remarquable présentation de Stefano Russomanno ‑ offre à la voix un piédestal pour ses qualités techniques et sensibles. Sur ce dernier point, la chanteuse fait preuve d'un engagement dont ne s'embarrassent pas tous ses collègues. Blandine Staskiewicz trouve à chaque phrase une couleur, une idée de caractère incarnée avec verve et générosité. Si l'articulation manque parfois de souplesse, laissant subsister quelques imperfections dans les mélismes rapides, voire certaines approximations de justesse, on goûte surtout le refus de toute inertie, la présence constante à une partition pensée de bout en bout. Sans céder à la facilité de contrastes trop abrupts ou artificiels, le chant module des nuances subtiles mais éloquentes. On peut souhaiter plus de théâtre dans la voix; la proposition, essentiellement musicale, se suffit néanmoins à elle‑même.

Autour de la soliste, Les Ambassadeurs confirment leur place de premier plan dans la nouvelle, génération des ensembles indépendants. Ampleur du phrasé, rebond de la mesure, éclat des timbres, entrain communicatif du jeu: rien ne manque à un accompagnement dont on retiendra notamment le flautino ciselé du chef Alexis Kossenko dans le Io son fra l'onde vivaldien.