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Diapason # 635 (05/2015)
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Eloquentia
EL1544




Code-barres / Barcode : 3760107400444

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Océane Boudeau

« Ils demandent des réjouissances tous ceux qui célèbrent les fêtes de l'âne. » C'est sur les paroles de Lux hodie, lux leticie (« Lumière de ce jour, lumière de joie ») que s'ouvre un album articulé autour de quatre grandes fêtes : celle des fous (1er janvier) également appelée fête de l'âne, Noël, Saint‑Etienne (26 décembre) et l'Epiphanie (6 janvier). Emmanuel Bonnardot ne s'est pas concentré sur un lieu et une époque ou même une source musicale. Au contraire, il piste ces fêtes à travers les siècles, d'un pays à l'autre. D'abord à la cathédrale de Sens, pour laquelle était copié le célèbre office de la Circoncision (manuscrit 46 de la Médiathèque de Sens) contenant plusieurs chants de la fête des fous (répertoire déjà parcouru par Obsidienne, Calliope, 2005). Les musiciens proposent de larges extraits du célèbre manuscrit, à commencer par le conduit Orientis partibus qui narre les péripéties de l'âne en les ponctuant des paroles françaises « Hez, Sire Asnes, hez», jusqu'à Lux optata claruit et son refrain aux allitérations malicieuses : « Hoc in hoc! Hoc in hoc! Hoc in hoc sollempnio concinat hec concio. »

 

Sans céder à la facilité de maquiller les voix en falsifiant les timbres ou en cherchant à théâtraliser à outrance la diction, Obsidienne use d'une certaine retenue qui n'est pas exempte de poésie et de gaîté. L’emploi des instruments renforce le côté festif. Quelques pièces issues du Roman de Fauvel (début du XIVe siècle) clôturent cette partie parodique. Pour Noël, Bonnardot explore le répertoire religieux en langue vernaculaire à travers carol, lauda, lied et villancico. Les fêtes de Saint‑Etienne et de l'Epiphanie nous ramènent à la liturgie avec plusieurs chants grégoriens, certains faisant l'objet d'improvisations polyphoniques. Une part importante du travail de l'ensemble Obsidienne consiste d'ailleurs à improviser sur des mélodies du Moyen Age ou de la Renaissance. L’exercice est le plus souvent réussi, les contre‑chants et les bourdons apportant du relief à la monodie.

On émettra quelques réserves pour l'organum Alleluia Video caelos entièrement improvisé dans le style de la polyphonie parisienne des XIIe et XIIIe siècles mais mélangeant, sans tenir,compte de ce qui se faisait à l'époque, des polyphonies à deux, trois et quatre voix dans la même oeuvre. Le disque n'en demeure pas moins d'une grande qualité et, hormis une intonation sporadiquement approximative (le Kyrie à trois voix et le motet Crudelis Herodes), le chatoiement des couleurs vocales et instrumentales, la touche acidulée des voix féminines et la souplesse de la phrase grégorienne nous font agréablement rebondir d'un siècle à l'autre.

 

 

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